Au fil du Rhin, entre Strasbourg et Lauterbourg

Long de près de 1200 km dont 900 dévolus à la circulation de bateaux à grand gabarit, le Rhin fait partie du domaine public, mais jouit d’un statut international et d’une réglementation différente de celles des eaux intérieures. Dédié à la production d’électricité et soumis à une navigation commerciale et touristique intense, son niveau peut changer très brusquement. De fait, la navigation peut s’avérer dangereuse sur le Rhin en courant dit libre, c’est-à-dire la zone située en aval du barrage d’Iffezheim.

De nombreuses espèces

Le Rhin abrite de très nombreuses espèces. Si l’aspe est devenu une valeur sûre, surtout lors des coups estivaux du matin et du soir, ses eaux claires et sa végétation importante par endroits sont propices au brochet, très présent, dont les tailles oscillent entre 70 cm et un mètre. Les sandres sont là eux aussi, mais plus tatillons ! Le silure quant à lui a pris bien plus que ses marques avec des double-métrés pris régulièrement. Perches, barbeaux, brèmes, gardons, ablettes et gobies complètent le tableau d’un cheptel tout de même bien garni. Notre promenade démarre aux portes de Strasbourg, dans le quartier de la Robertsau, pour filer plein nord, avant que le Rhin quitte la France à la hauteur de Lauterbourg. Depuis le Port aux Pétroles, où se croisent énormes bateaux de croisière fluviale et autres navires commerciaux, les enrochements des quais offrent des kilomètres de linéaires à prospecter du bord, aux leurres.

Les choses sérieuses commencent à hauteur du rejet de l’énorme station d’épuration strasbourgeoise et que connaissent bien les pêcheurs locaux. Brème et barbeau à tenter au feeder, aspe, déjà bien présent, mais aussi silure avec des spécimens de plus de deux mètres fréquemment capturés sont très présents ici. Vif ou vers de terre sont des valeurs sûres, ce qui est d’ailleurs le cas sur tout le cours du grand fleuve. Cette zone excellente peut également être exploitée en toute sécurité par les pêcheurs en bateau.

Direction Offendorf

Après avoir quitté la zone portuaire et commerciale, avec un fleuve fortement canalisé, on passe les limites de l’Eurométropole au niveau de sa dernière commune, La Wantzenau. À proximité de Gambsheim puis Offendorf, rochers et gros galets alternent avec des parapets de béton protégeant les berges de l’érosion. Gambsheim et ses maisons à colombages s’y lovent dans un méandre. On ne manquera pas la visite de la passe à poissons sur le pont qui enjambe le fleuve. Au printemps, on y a toutes les chances de contempler le passage des migrateurs, saumon notamment dont la réintroduction semble couronnée de succès. À Offendorf, l’Ill se jette dans le fleuve. La confluence est une zone stratégique à exploiter absolument notamment pour ses gros aspes. Toute proche, la profonde gravière d’Offendorf est réputée pour le sandre.

À l'abri, à Fort-Louis

Nous retrouvons le Rhin plus au nord, au port de Fort Louis, embarcadère de chargement pour les tonnes de graviers extraites des plans d’eau voisins, et qui permet de se soustraire un temps au courant. L’endroit abrite également toutes les espèces de poissons fourrages et les pêcheurs au coup viennent se frotter ici avec les énormes brèmes du Rhin et de magnifiques gardons. Le feeder permet de voyager léger, le dénivelé ne facilitant pas l’accès. Les carnassiers à l’affût, dont les aspes encore une fois, font ici de beaux festins d’ablettes, dans des chasses bruyantes et spectaculaires. Le silure est bien représenté avec de très gros sujets capturés régulièrement.

La gravière de Beinheim

Connecté au Rhin par le nord, et l’an prochain par le sud, ne manquez pas le plan d’eau Gravidal, à Beinheim. Avec ses berges ultra accessibles, la pêche du bord est possible toutes techniques confondues. Les gobies étant très présents, mieux vaut pêcher à l’anglaise ou au feeder pour traquer les gardons et les belles brèmes. Côté carnassiers, la mise à l’eau est aisée et le potentiel énorme, de nombreuses compétitions sont organisées ici. Comme sur le Rhin, toutes les espèces de carnassiers sont représentées mais le Gravidal est surtout réputé pour être un haut lieu de la pêche du sandre, bien moins tatillon ici que dans les eaux agitées du fleuve.

Les belles eaux de Seltz

Parvenu à Seltz, au niveau du bac qui permet la traversée en voiture en quelques minutes, on trouve les ouvrages qui cassent le courant vif et régulier du Rhin. De gros épis, formant par là même des plages, protègent les berges. C’est dans les veines de courant, nées entre ces épis et ces plages de galets, qu’il faut prospecter les gros sujets aux jerkbaits. Du bord, il faut pêcher le plus loin possible, au lever ou au coucher du soleil, car ces gros aspes sont très méfiants. Le barbeau, là aussi très bien représenté, est à tenter à la bolognaise ou au feeder. La dynamique AAPPMA de Seltz gère aussi des spots intéressants qui méritent le détour. À quelques encablures du fleuve, l’immense gravière Epple (100 hectares) est accessible à la pêche de nuit de la carpe avec de nombreux poissons trophées. Plus étonnant est le réservoir des Cigognes, réputé pour la qualité de ses eaux et de ses poissons (arcs-en-ciel, aguabonitas, saumons de fontaine) et haut lieu de la pêche à la mouche en Alsace.