N’avez-vous jamais vu ces photos de guide de pêche poser avec des black-bass de plus de 50 cm sur des magnifiques bass boat avec en arrière-plan des paysages arides sous un ciel bleu azur ? Alors, si vous aimez le soleil, la pêche du sandre, du black-bass, du brochet et de ses barbeaux comizo, cette destination sera faite pour vous. Je parle bien sûr de l’Espagne, où les populations de sandres ont explosé, ce qui a modifié le biotope et changé un peu les habitudes alimentaires des brochets. Mais vous allez voir que sur notre semaine de pêche, les brochets étaient en feu !
Le float tube à l’honneur
La date est calée pour mi-octobre, c’est une saison que j’apprécie car les températures sont en général moins élevées. De plus, les carnassiers commencent à faire leurs réserves avant l’hiver. Nous sommes donc cinq amis, pêcheurs passionnés. L’idée de ce voyage est de partir léger, de pouvoir pêcher partout en toute discrétion. Nous nous sommes rapidement orientés sur des embarcations individuelles, à bord de float tubes. Vu la taille des lacs, les distances à parcourir sont beaucoup plus faciles quand on est aidé d’un moteur électrique. Le mieux est d’en équiper votre float tube, surtout les journées un peu venteuses. Il nous fallait donc ranger cinq float tubes, bien pliés et démontés pour prendre le moins de place pos sible. Par chance, David nous propose sa remorque double essieux. Il ne nous fallait pas moins que cela pour mettre tout notre bazar dedans. Nous voilà partis pour une vingtaine d’heures de route, pauses comprises. Un des avantages d’être à plusieurs pour ce voyage est de pouvoir passer le volant à un copilote après seulement deux heures de trajet, cela permet de faire des rotations et d’arriver beaucoup moins fatigué jusqu’au village de Valdecaballeros en Extremadure.
Un bon pied à terre
En partant avec le plein d’essence, nous faisions une nouvelle fois une halte près de Bordeaux, puis une dernière fois en Espagne et nous étions arrivés. Ce qui nous faisait un aller France/Espagne aux alentours de 250 € de gazole. L’autre avantage de partir à plusieurs est que le prix du loyer va être beaucoup moins onéreux divisé en cinq personnes. Nous avons donc réservé chez Agnès Fessard, « Envie d’autrement », deux Français installés en Espagne depuis quelques années. Agnès s’occupe de prendre les permis de pêche, vous donne de quoi faire les petits-déjeuners et une partie des pique-niques. Il ne nous restait qu’à faire quelques courses pour la semaine, boissons, viandes. De quoi cuisiner au gîte le soir. La villa est très spacieuse, pour cinq personnes c’est l’idéal. Il y a même un barbecue de compétition. Un abri pour ranger nos affaires et garer la remorque était également très pratique. Le gîte est assez bien situé, non loin de plusieurs descentes à bateaux qui bordent le lac Garcia Sola. Pour circuler autour du lac, les routes sont convenables et le paysage désertique vous plonge dans une ambiance de western. Nous passons à travers des villages que l’isolement semble protéger du monde actuel. Le centre du village de Valdecaballeros est très mignon, n’hésitez pas à vous promener dans les petites rues étroites joliment fleuries. La place du village est bien décorée et le bar restaurant Chez Fatima est à ne rater sous aucun prétexte. La gentillesse de Fatima est sans limite, on y mange du fait-maison et les quantités sont juste démentielles. En général, c’est Agnès qui nous proposait de faire la réservation pour y manger un des soirs qui nous convenait le mieux.
Le lac de Garcia Sola
Durant cette semaine, nous avons pêché uniquement sur le lac de Garcia Sola, un lac de barrage de 3 300 ha et de 40 km d’envergure. Il est pourvu de nombreux enrochements, que les black-bass apprécient beaucoup. La descente à ba =teau la plus proche du gîte se trouve à quinze minutes de route, mais notre descente préférée était à environ trente minutes et avait l’avantage d’avoir de magnifiques spots aux alentours. Niveau organisation, je peux vous dire qu’à cinq fous de pêche, il fallait être performant… Rien que de sortir les 25 cannes du van le matin, c’était déjà une mission. Cinq float tubes gonflés et maintenus debout dans la remorque, attachés solidement avec un tendeur XXL. Chacun à son poste, et finalement tout allait très vite le matin pour décharger le matériel. Il nous restait tout de même les moteurs, supports de cannes et boîtes de leurres à installer au bord de l’eau. Une fois les waders enfilés, la journée de pêche pouvait commencer, avec une douce fraîcheur matinale.
Au crank
Sur l’eau, les techniques étaient assez variées. Selon mes envies, je pouvais passer d’un crank à peigner les bordures à la recherche des black-bass à une pêche en verticale dans 7 m d’eau, pour traquer les sandres. C’est d’ailleurs dans cette profondeur que je touchais généralement le plus de poissons. En vertical, il ne fallait pas attendre longtemps pour être pendu. Il n’était pas rare de faire des sandres au crank ainsi que de très jolis brochets. J’ai très vite compris que c’était un des leurres les plus polyvalents, permettant de battre du terrain. Un des gros avantages du float tube, c’est sa discrétion. Comparés aux gros bass-boats, les black-bass ne nous entendaient pas arriver. L’inconvénient est que les distances couvertes sont moindres comparées à celles parcourues avec un bateau motorisé. Nous avions pour habitude de faire deux groupes, deux float tubeurs partaient sur une zone, les trois autres dans une autre direction, afin d’éviter de pêcher les mêmes zones.
Pour déclencher les black-bass, le petit truc qui faisait toute la différence était de lancer son leurre au plus près des gros blocs de pierre qui bordent le lac. Voire de toucher les pierres, puis de faire tomber son crank dans l’eau et après quelques tours de manivelle, la touche arrivait subitement dans les 2 à 3 m de profondeur, après que la bavette du leurre avait percuté les pierres sur le fond. Dès les premiers jours, j’avais repéré que des écrevisses se promenaient en bordure dans peu d’eau. J’étais surpris par leur couleur rouge vif, pour une taille d’environ 10 cm. Ce sont des écrevisses originaires de Louisiane, importées par l’homme dans les années 1970 en Espagne. Après réflexion, je me suis dit que les sandres et les bass devaient sûrement s’en nourrir. J’ai donc regardé ce que j’avais dans mes pochettes de leurres. Par chance, j’avais justement le modèle Prorex PX CRAW, en 9,5 cm et 11,25 cm coloris Iberian Red. Monté sur un hameçon texan en 3/0 pour le plus gros modèle et pour le lest, un plomb balle de 7 à 10 g allait faire l’affaire. Sans oublier le stop-fil pour immobiliser le plomb. C’est l’un des leurres qui m’aura valu le plus de « diables verts » sur cette semaine de pêche.
Chatterbait et trailer écrevisse
Les journées de pêche étaient longues, minimum dix heures sur l’eau, parfois un peu plus quand nous étions partis pour faire le coup du soir. Il faut savoir que même à l’automne, le soleil tape encore fort l’après-midi, la température atteint facilement les 35 °C, pour éviter toute déshydratation qui gâcherait la session, il faut bien penser à se désaltérer et il est conseillé de porter un chapeau. Pendant notre séjour, la météo est passée à l’orage en milieu de semaine et de grosses pluies ont mis les brochets en activité. La température a chuté brutalement et les black-bass sont devenus plus compliqués à faire mordre. Avec ce changement de temps, les leurres à grosse vibration comme les chatterbaits auront également été redoutables sur les brochets. Notamment les Flex Blades Jig directement montés avec un hameçon texan qui étaient très efficaces avec en trailer un leurre en forme d’écrevisse.
Quel bonheur de se sentir dans un milieu sauvage, sans pollution sonore. Les pieds dans l’eau, le calme autour de soi, juste le chant de quelques oiseaux qui retentit et le vol des vautours au-dessus de nos têtes. De cette destination pour se ressourcer entre amis, je retiendrais les soirées de rigolade autour de bons repas à jouer au 4/21, profiter du soleil et de pouvoir pêcher différents carnassiers dans un cadre magnifique et les combats de gros bass avec mon nouveau record personnel à 53 cm. Ce voyage, qui nous aura coûté environ 500 € par personne tout compris, reste plus que raisonnable. Alors si, comme moi, vous aviez envie de battre votre record avec des black-bass de plus de 50 cm, ou plus simplement de pêcher des lacs qui vous ont toujours fait rêver, j’espère que mes écrits vous donneront des envies de voyage. Pour toute question, n’hésitez pas à contacter Agnès qui propose également des locations de bateaux. À très vite au bord de l’eau.
Contact
Agnès Fessard - www.envie-dautrement.com - envie-dautrement@gmail.com