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Pêche des brochets et des truites ferox en Irlande sur les lacs du Connemara

Je ne sais pas pourquoi, mais bien que j’aie déjà sillonné de long en large la République d’Irlande et lancé mes leurres dans de très nombreux plans d’eau et fleuves, jamais l’occasion de pêcher un de ces grands lacs du Connemara ne s’était offerte à moi. Et pourtant je connaissais depuis longtemps la valeur des deux bijoux sublimes que sont sa majesté le Corrib et le surprenant Mask…

Lorsque David Byrne, des pêcheries irlandaises, me propose un court trip pour découvrir ces fabuleux biotopes, je savais aussitôt que je ne résisterai pas longtemps à refuser cette offre. D’autant que David, en virtuose du marketing qu’il est, me proposait d’être guidé par un des meilleurs guides irlandais, membre de l’équipe de compétition nationale et spécialiste de ces grands lacs et de leurs prédateurs. Car si les brochets, et de bien beaux, sont présents en nombre dans le Connemara, ce sont bien les gigantesques truites ferox qui constituent l’intérêt majeur de cette destination.

Compte tenu du caractère pélagique des truites Ferox et du fait qu’elles soient perpétuellement en mouvement, la méthode la plus efficace pour les capturer reste la traîne.
Crédit photo : Pascal Lehérissier

La truite ferox, un véritable joyau

Tomasz Kurman n’a rien d’un guide de pêche irlandais traditionnel. Il nous attend David et moi à la sortie de notre hôtel et, très rapidement, nous montons dans son véhicule en direction du lough Corrib. Tomasz, que tout le monde appelle Tomy, est d’origine polonaise, mais est installé en république d’Irlande depuis de nombreuses années. Il est aujourd’hui un des fers de lance de l’équipe nationale spécialisée dans la pêche des prédateurs. C’est dire si nous sommes entre de bonnes mains. Cela faisait vraiment très longtemps que je lorgnais ces truites au nom évocateur de ferox. Ces truites carnassières, qui peuvent atteindre des dimensions respectables, se rencontrent principalement dans les grands lacs de l’ouest de l’Irlande ainsi que dans certains lacs écossais. Ce n’est pas à proprement parler une espèce particulière de truite mais une forme particulière, adaptée à des milieux spécifiques et qui a développé au fil de l’évolution des mœurs bien particulières. Ainsi, cette truite ferox possède une longévité supérieure à celles des autres truites brunes et comme elle est carnassière dès son plus jeune âge, sa croissance est beaucoup plus rapide. Les spécimens de 90 cm et plus ne sont pas si rares et offrent des sensations incroyables lorsque l’on a la chance de les rencontrer. D’un point de vue esthétique, les robes de ces truites ferox ne sont pas toutes similaires. Certaines ont des robes relativement argentées alors que d’autres sont plus jaunâtres. Un autre détail permet de reconnaître néanmoins assez facilement ces truites, il s’agit de leur très large gueule avec une commissure des mâchoires située bien au-delà de l’œil. Concernant leurs mœurs, ces truites sont assez solitaires et affichent un comportement généralement pélagique, sauf lorsque se présente une opportunité de se goinfrer de bancs de gardons en train de frayer sur les bordures. Il y a également à la fin de l’hiver et au début du printemps une fenêtre où ces truites se rassemblent dans quelques baies spécifiques et où il est possible d’en capturer en même temps que des truites de lacs classiques.

Une première ferox blonde pour David !
Crédit photo : Pascal Lehérissier

Un guide sinon rien

Lorsque l’on pratique sur les grands lacs de l’ouest Irlandais que le Mask et le Corrib, on sent très rapidement la puissance et la dangerosité de ces milieux. Ici, nous sommes très proches de l’océan Atlantique et, lorsque le vent souffle, il s’engouffre naturellement dans les hautes collines du Connemara. La navigation devient alors vite dangereuse. Dans ces conditions, surtout si vous souhaitez vous aventurer dans des pêches au milieu du lac, le recours à un guide de pêche connaissant parfaitement le secteur me semble être une réelle nécessité. Pour la première journée, Tomasz nous indique que nous allons rechercher les truites ferox sur le Corrib. Il a en effet consulté les prévisions météorologiques et les perspectives pour les prochains jours ne sont pas vraiment optimistes. Il y aura du vent et, inévitablement, cela pourrait avoir de lourdes conséquences sur nos parties de pêche. Compte tenu du caractère pélagique des truites ferox et du fait qu’elles soient perpétuellement en mouvement, la méthode la plus efficace pour les capturer reste la traîne. Et il faut être très clair, si vous ne souhaitez pas pratiquer cette technique, il faut alors passer votre chemin, sauf circonstances exceptionnelles ou gros coup de chance. Si vous avez envie de photographier ce prédateur exceptionnel, il faut donc accepter de pêcher à la traîne. J’ai déjà eu l’occasion de le dire, mais cette technique est beaucoup plus technique et beaucoup plus passionnante qu’il n’y paraît. Certes, les longues dérives sans action peuvent être un peu longues, mais la patience n’est-elle pas une des vertus cardinales du pêcheur ?

Gros plan sur la monture spécifique de Tomasz pour capturer des truites ferox à la traîne.
Crédit photo : Pascal Lehérissier

Tomasz, un expert dans cette pêche

Loin de moi l’idée de trahir les petits secrets et astuces de Tomasz, mais il faut bien reconnaître que le petit briefing qu’il nous propose dans la barque en dit assez long sur sa grande compétence. Dans un premier temps, il prend soin d’expliquer le rôle de chacun, car nous allons pêcher à trois cannes avec deux écarteurs et une canne centrale. Cette prise en main est importante, car tout le monde n’a pas l’habitude de pratiquer avec un écarteur. Le rôle de ce dernier est d’éloigner la ligne sur le côté de l’embarcation pour balayer un maximum de terrain et d’éviter l’emmêlement des lignes lors des virages. Un autre point clé de la réussite est la qualité des appâts. En effet, même si Tomasz est un pêcheur aux leurres de talent, il avoue sans aucun problème qu’une traîne avec un appât naturel, en gros un gardon ou une petite perche, est de loin la méthode la plus efficace. Enfin, Tomasz ne se contente pas de tirer des bords du coin à l’autre du lac. Il suit sur sa cartographie les passages et, en fonction du vent, règle à la perfection la vitesse de la dérive. Concrètement, une journée à 5 touches doit être considérée comme bonne et les bredouilles ne sont pas rares. Très rapidement, j’obtiens une première touche, mais au vu du comportement de la ligne et de notre position sur le lac, notre guide nous indique qu’il s’agit probablement d’un brochet et, effectivement, c’est un brochet d’environ 75 cm qui rejoint rapidement l’embarcation. Maître Esox est rapidement décroché et remis à l’eau. Nous avons à peine repositionné la ligne que David obtient à son tour une belle touche. Après un combat acharné, c’est une truite de 64 cm qui se retrouve dans l’épuisette. C’est un poisson de toute beauté que j’admire en même temps que je prends quelques photos. Mais Tomasz nous sort de notre enthousiasme et nous indique qu’il faut profiter du moment, car les truites s’activent en général en même temps. Il connaît vraiment bien son affaire, car nous allons enchaîner deux autres poissons rapidement. J’ai la chance de sortir en un peu plus d’une demi-heure deux poissons de 66 et 68 cm. Je suis aux anges…

Un joli brochet bien vite remis à l’eau.
Crédit photo : Pascal Lehérissier

Une prestation de guidage version VIP

C’est peut-être parce que je vieillis un peu, mais j’apprécie de plus en plus mon petit confort. Il est vrai que nous sommes parfaitement installés sur le Lund de 5  mètres motorisé avec un 60 ch 4 temps. Tout est impeccablement rangé à bord, ce qui est un gage de sécurité évident. À l’heure du déjeuner, Tomasz sort un réchaud à gaz et se transforme en chef cuisinier. Les petits plats sont préparés par lui-même ou par son épouse, et cette cuisine familiale est un vrai régal. Mais nous sommes là pour la pêche, et le coup de feu semble passé. Tomasz nous indique cependant que nous pouvons espérer quelques touches supplémentaires dans l’après-midi. Il connaît vraiment bien son métier, car David renoue avec le succès grâce à deux truites de 58 et 62 cm. Personnellement, je vais tenir quelques secondes un poisson dont la défense me semble lourde, mais je le perds assez rapidement. Le bilan de cette première journée est donc ultrapositif, car nous avons réussi à prendre cinq ferox correctes.

Le leurre du séjour, le Disco Pike.
Crédit photo : Pascal Lehérissier

Le Disco Pike, le leurre du séjour

Le lendemain, changement de programme, nous allons pêcher le lough Mask. Durant le trajet, notre guide nous explique que nous allons pêcher des secteurs très typiques du lac et que les paysages sont à couper le souffle. Et c’est vrai que, dès la mise à l’eau du bateau, nous nous retrouvons dans des décors somptueux. J’ai ici vraiment l’impression de me retrouver dans les Highlands écossais avec de vertigineuses collines d’un vert soutenu incroyable. Le décor est planté et Tomasz nous propose de rechercher le brochet. Pour une fois, j’ai fait une totale confiance à mon guide et je suis venu sans aucun équipement. Bien m’en a pris, car Tomasz me tend une canne casting de bonne qualité, parfaite pour pêcher avec de gros leurres. David est plus un expert du spinning et hérite à son tour d’un combo d’excellente facture. Nous voilà fin prêts pour poncer nos premiers postes. Tomasz me propose d’essayer un leurre qui a fortement le vent en poupe en ce moment en Irlande, il s’agit du Disco Pike, un big bait hybride, mélange de plumes et d’époxy et agrémenté par un appendice caudal en forme de faucille ou de battoir. Bien sûr, la ressemblance avec une Muiras Mouse n’est pas une illusion, mais à vrai dire, je ne sais qui de la Muiras ou du Disco Pike était le premier désigné. C’est un très gros leurre dont la tête en époxy offre une bonne densité et une compacité suffisante pour de bons lancers. Je ne dirai pas qu’il est suspending, mais plutôt qu’il est very slow sinking, ce qui permet juste d’activer la queue faucille en plastique lors des pauses dans la récupération. Pas de touche sur la première zone, nous nous déplaçons vers un nouveau poste et après quelques lancers, je ressens un très net blocage. Le ferrage est réussi et je combats rapidement un poisson probablement métré. À l’épuisette, je suis surpris de la morphologie de ce poisson de 103 cm et de sa très grosse tête et, a contrario, de son corps assez fluet. Nous pensons qu’il s’agit d’un vieux poisson que nous remettons à l’eau rapidement.

Avec des leurres de taille moyenne, David a fait une très belle pêche.
Crédit photo : Pascal Lehérissier

Fort vent sur le Corrib

Nous voici déjà au dernier jour de guidage avec Tomasz qui nous indique que, compte tenu des conditions météorologiques, nous pêcherons le Corrib. Dès la sortie du petit port où nous avons mis à l’eau, nous constatons effectivement un vent assez fort. Tomasz nous indique que nous allons pêcher le brochet dans un premier temps dans des baies abritées et que, si le vent faiblit, nous irons à nouveau chercher les ferox plus au large. Tomasz guide son embarcation de main de maître et nous constatons combien il peut être aventureux de s’embarquer sur des grands lacs sans les compétences d’un guide qui connaît bien son secteur. Très rapidement, j’ai la chance de toucher à nouveau un beau brochet métré avec mon Disco Pike. David, qui utilise des leurres de plus petites tailles, cumule les attaques et les ferrages ratés. J’ai moi-même quelques déconvenues, mais nous capturons malgré tout plusieurs brochets d’environ 70 et 80 cm. Le vent est hélas tenace et il pousse même le vice à forcir, ce qui nous empêche de nous déplacer sereinement vers une autre baie. Nous sommes donc contraints de peigner et repeigner cette baie, avec pour récompense la capture de quelques brochets supplémentaires. Bien entendu, dans ces conditions, pas question de pêcher au large pour des raisons de sécurité. David a préparé ce trip irlandais en nous laissant une dernière journée « open ». Tomasz ne pouvait nous accompagner cette journée-là, car il avait déjà un guidage réservé avec deux clients de Dublin. Nous sommes bouche bée le lendemain à chaque SMS de Tomasz à chacune des prises qu’il enregistre ce jour-là avec ses clients. Ils ont réussi à prendre quatre poissons merveilleux avec des mensurations impressionnantes: 74, 75, 76 et, le meilleur pour la fin, 85 cm pour presque 8 kg.

Renseignements utiles

Tomasz Kurman est un guide de pêche qu’on vous recommande avec la plus grande confiance. Vous pouvez le contacter à l’adresse suivante : corribadvice@gmail.com. Durant notre séjour, nous avons logé à l’hôtel The Anglers rest (le repos des pêcheurs), idéalement situé à Headford. Les chambres sont très confortables et l’ambiance du restaurant et du pub, comme toujours, magique. Pour préparer votre voyage en Irlande, comme d’habitude, nous vous conseillons de consulter toutes les informations disponibles sur le site internet de l’office du tourisme irlandais : www.ireland.com. Pour obtenir un maximum d’informations actualisées sur la pêche en Irlande, nous vous conseillons de vous reporter au magnifique site Internet (en français) de l’Inland Fisheries Ireland : www.pecheenirlande.info.

En ce qui nous concerne, cette dernière journée de séjour étant libre, nous avions envisagé plusieurs scénarios possibles. Nous décidons donc d’aller traquer le saumon sur le parcours public de la rivière Cong, au pied du célèbre Ashford Castle. Ce château, qui a fait l’objet d’une récente et coûteuse rénovation, est aujourd’hui transformé en hôtel de luxe uniquement accessible si votre carte de crédit est très bien garnie. La rivière Cong est une pure merveille géologique. Sa source est une puissante résurgence, et son cours est limité en longueur, peut-être un peu plus d’un kilomètre avant de se jeter dans le lough Corrib au pied du château.
Crédit photo : Pascal Lehérissier

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