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Carnet de capture FishCapture en Saône-et-Loire : premier bilan !

La ville de Chalon-sur-Saône est prisée des pêcheurs du bord comme en bateau. Les berges sauvages ou urbanisées abritent perches, sandres et silures notamment. 

Crédit photo Lyonel Chocat
Depuis 2021, la fédération de pêche de Saône-et-Loire demande aux pratiquants, sur la base du volontariat, de renseigner leurs prises et le temps passé à la pêche sur un carnet de capture en ligne, baptisé FishCapture. L’outil livre ses premiers résultats, dont certains très intéressants...

Lancé il y a quelques années avec un petit groupe de pêcheurs et des rapports « papier », le site www.fishcapture.fr a été dévoilé début 2021. Il fonctionne très simplement. Une adresse e-mail, un mot de passe, et c’est parti. Toute sortie en Saône-et-Loire peut être consignée par le pêcheur lambda, avec une mine d’informations à fournir, en direct ou après la partie de pêche : durée de la session, nombre de cannes en action, niveau d’eau, technique utilisée, nombre et taille des poissons capturés… C’est ludique, et cela permet d’analyser ses sorties sur le long terme. Il y a quelques années, la fédération s’est rendu compte qu’elle manquait de connaissances sur les populations de poissons des grands milieux. Échantillonner un cours d’eau grâce à une pêche électrique, c’est facile, mais dès que la largeur de la rivière dépasse les huit mètres et que les techniciens ont de l’eau au-dessus de la taille, c’est plus compliqué… « Sur la Seille, on a fait une dizaine de pêches électriques et on a capturé cinq sandres, abonde Rémy Chassignol, directeur technique de la fédération et créateur de l’outil FishCapture. En un an, les pêcheurs à la ligne, eux, en déclarent plus de quatre cents. On passait complètement à travers avec les pêches électriques. » Or, les grands milieux comme la Saône, la Loire ou les grands plans d’eau concentrent la majorité des pêcheurs du département.

Rémy Chassignol, le directeur technique de la fédération, analyse les résultats et développe l’outil, bien plus précis sur les grands milieux qu’une pêche électrique. 
Crédit photo : Fédération de pêche de Saône-et-Loire

Les trois cents participants, dont seulement quarante sont fidèles, déclarent leurs bredouilles, les petits comme les gros poissons, il n’y a pas de classement et, d’ailleurs, seules les données personnelles sont accessibles pour l’utilisateur. On ne voit pas les résultats du voisin. « Pour que cela prenne de la valeur, il faut si possible s’engager sur le long terme, être régulier », note Rémy. Même si les pêcheurs paraissent peu nombreux (35000 cartes sont vendues en Saône-et-Loire), dans une enquête scientifique, un échantillon de cette importance est en fait très parlant. S’il n’est ouvert qu’aux pêcheurs de carnassiers pour le moment, les carpistes, très friands de ce genre de technologie, pourraient à l’avenir prendre le pas.

Une interface très simple, qui permet d'analyser ses résultats.
Crédit photo : Fédération de pêche de Saône-et-Loire

Du concret

Les résultats renseignent d’abord la fédération sur les densités de poissons présents. On voit surtout l’effet maille, comme l’analyse Rémy Chassignol : « Sur la Seille, un excellent secteur pour le sandre, on remarque que 60% des prises mesurent entre 30 et 50 cm. Dès que l’on passe les 50 cm, ils sont plus rares (21%). On voit bien que la taille légale de capture marque le peuplement. Pour le brochet, on a vu des plans d’eau où il était très difficile de prendre un poisson de plus de 60 cm. C’est peut-être lié au milieu, mais surtout au prélèvement. En revanche, sur un secteur comme Mâcon qui bénéficie d’une fenêtre de capture, 40% des brochets mesuraient entre 60 et 80 cm, et 30% plus de 80 cm. Tout le monde est content, ceux qui veulent pêcher pour manger et ceux qui cherchent les poissons trophées. » On voit donc scientifiquement tout l’intérêt de la mise en place d’une fenêtre de capture, et ces prémices de résultats même si on reste encore au stade expérimental, servent à convaincre les AAPPMA ou la préfecture de mettre en place une telle réglementation.

La Loire recèle une très belle population de carnassiers, en témoigne ce joli brochet pris en bordure d’herbier. 
Crédit photo : Fédération de pêche de Saône-et-Loire

Alevinages, compétitions...

À l’avenir, si les données sont plus nombreuses, la fédération pourra aussi cibler des alevinages ou des aménagements (création de frayères, de végétation, mise en place de réserves…) à faire sur des secteurs peu productifs où le carnassier semble ne pas se reproduire. Même au niveau des compétitions de pêche, FishCapture montre son utilité. Pour la perche par exemple, qui n’a pas de maille, les organisateurs peuvent décider si le poisson pourra être comptabilisé à partir de 20 ou 25 cm par exemple : « Sur la Saône, pointe Rémy, on sait que 29% des perches capturées mesurent plus de 21 cm mais, passé 25 cm, il y a une cassure. On conseillera donc de prendre une référence de 20 cm. Le quota sera plus facile à remplir ! »

Un beau et rare sandre de 87 cm pris par un utilisateur de FishCapture, Samson Bernolin, sur la Seille.
Crédit photo : Fédération de pêche de Saône-et-Loire

Des bémols

Attention toutefois à ne pas faire de la pêche des statistiques, ne pas transformer notre loisir en un concentré de datas très à la mode dans le sport. Sans compter qu’il y a de grosses variabilités selon la saison, le niveau du pêcheur, l’activité des poissons… Il faut donc prendre du recul pour analyser certaines données. De même, il peut être décourageant de voir certains chiffres : 577 heures d’efforts pour capturer un sandre de plus de 80 cm sur la Seille, plus de 26 h pour un brochet de belle taille sur la Saône, plus de 30% de sorties bredouilles dans le département… mais le temps passe plus vite au bord de l’eau que devant son ordinateur !

Témoignages

Georges Guyonnet est le président de la fédération de pêche de Saône-et-Loire. Il suit attentivement l’évolution de FishCapture et compte bien passer à la vitesse supérieure en 2023.

Pourquoi avoir développé FishCapture ?
Il nous fallait simplement mieux connaître les populations de poissons. Cela responsabilise aussi les pêcheurs, et notamment la nouvelle génération qui n’est pas très adepte du support papier, des bureaux, des associations... Les jeunes participent activement, ils aiment la réalité du terrain, l’autonomie. Je ne sais pas si ça joue mais on a progressé en effectif en 2022, peut-être que les efforts payent.

Que pensent les autres fédérations de cet outil ?
Je suis régulièrement en contact avec les fédérations de la région Bourgogne-Franche-Comté. La phase de test est passée, ça fonctionne bien, les autres présidents sont intéressés. Mais à l’échelle nationale, peu encore connaissent l’outil. Je compte aussi sur votre article pour que ça fasse boum !

Quelles seront les évolutions en 2023 ?
Il n’y a pas d’objectif en nombre de participants, mais nous allons continuer à présenter FishCapture aux présidents d’AAPPMA et aussi lors de la prochaine assemblée générale. Nous irons également dans les associations et les magasins de pêche. C’est un outil formidable pour aller de l’avant.

Olivier Bernolin, 50 ans, président de l’AAPPMA Le Goujon Cuiserotain, est un utilisateur régulier de FishCapture. Avec son fils Samson, il pêche surtout le sandre et la perche au manié en Seille.

Que pensez-vous de cet outil, de sa facilité d’utilisation ?
C’est rapide, simple à remplir. Il y a certains renseignements que je ne donne pas, comme la localisation précise des prises. Mais une fois que j’ai renseigné les conditions de ma sortie, ça ne me prend que quelques secondes pour donner les informations sur les poissons et je le fais après chaque capture. C’est facile, d’ailleurs mon fils de 11 ans se charge tout seul de renseigner ses prises sur mon téléphone. C’est devenu une habitude.

Analysez-vous vos résultats, et en tirez-vous les conséquences ?
La fédération nous envoie une analyse pointue, c’est déjà hyper intéressant. Moi, ça me permet de comparer mes résultats d’une année sur l’autre. J’essaye de voir quand est-ce que j’ai pris le plus de poissons, ou quand est-ce que j’ai pris les gros poissons. Je sais aussi par exemple que j’ai des difficultés pendant l’hiver, alors je change ma façon de pratiquer. Et ça marche !

Est-ce que ce n’est pas parfois démoralisant de se dire qu’il vous faut X heures pour prendre un poisson ?
J’ai la chance de pêcher une rivière ne nécessitant pas un gros effort de pêche pour capturer des sandres. J’ai quand même noté que j’ai fait plus de capots en 2022 ! On se tire un peu la bourre avec mon fils, qui aura pris le plus de poissons maillés… On compare avec les copains, aussi.

 

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Biologie – Environnement

Magazine n°932 - Janvier 2023

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