Au gré de mes différents mandats associatifs et notamment de celui de président de l’Union Nationale des Carpistes Libres, j’ai eu l’occasion de suivre plusieurs vidanges. Nous avons parfois même été autorisés à intervenir pour essayer de sauver ce qui pouvait l’être. Vous vous souvenez peut-être de la mobilisation des carpistes lors de l’opération de sauvetage du Pont du Dognon (87) en avril 2008 et des belles réussites comme celle du sauvetage de Soulages dans le département de la Loire (42) ? A l’opposé vous gardez peut-être en mémoire l’amer souvenir du dossier du Cébron (79) où, en 2016, 45 tonnes de poissons ont été laissées à l’agonie par des gestionnaires qui ne semblaient guère soucieux du cheptel qui nageait dans ces eaux.
Vidanges mortelles
Six ans plus tard, quasiment à la même période et selon un scénario quasi identique, plus de 11 tonnes de poissons ont connu le même un sort au lac de Settons, dans le département de la Nièvre. Plusieurs autres catastrophes ont eu lieu : la Durance en 2018, le lac du Der en 2019, l’étang de Capestang en 2021… Nous qui pensions que la « première » catastrophe aurait au moins servi de leçon, c’est toujours avec la même stupéfaction que ne nous pouvons que constater les dégâts, en dizaines de tonnes ! Or l’histoire est loin d’être finie, puisqu’il se prépare une nouvelle vidange à risques, sur le lac de Carcès début 2023 et d’autres en 2024... Pouvons-nous laisser une nouvelle catastrophe se dessiner ou devons-nous alerter et nous mobiliser pour essayer de sauver ce qui peut l’être ?
De véritables catastrophes écologiques
Comment est-il encore possible en 2022 de laisser faire des vidanges dans de telles conditions ? Est-il acceptable de laisser des milliers de poissons s’asphyxier ainsi dans la vase ? C’est tout simplement inhumain ! Pourquoi faire des vidanges aussi tôt dans la saison s’il y a possibilité de la retarder de quelques semaines pour la faire dans de meilleures conditions ? Comment se fait-il qu’aucune entité nationale ne semble réellement encadrer ces vidanges ? Beaucoup de questions et malheureusement trop peu de réponses. Les gestionnaires des barrages, des centrales, les conseils départementaux, les préfets, qui décide in fine ? Qui a le dernier mot dans une politique de l’eau de plus en plus complexe avec ces sécheresses à répétition, où la faune et la flore sont souvent loin d’être la priorité. Il faudrait sans l’ombre d’un doute mieux encadrer et réglementer ces vidanges pour éviter de nouvelles catastrophes. Nous payons une carte de pêche, nous avons aussi notre mot à dire !
Idéalement, une vidange parfaite serait une vidange sans mortalité. Or la perfection n’est pas de ce monde, soyons réaliste, il y aura toujours de la casse. Cependant, quand la volonté est là, il est possible de sauver une grande majorité du cheptel existant. Malheureusement la réalité est toute autre. A qui la faute ? Surement pas aux Fédérations de pêche ni aux AAPPMA qui ont bien du mal à se faire entendre auprès des responsables sur ce genre de dossiers et limitent la casse, ni aux bénévoles qui font au mieux sur le terrain, mais bel et bien aux décisionnaires qui ordonnent ou autorisent des vidanges à des périodes qui ne sont aucunement propices à la survie des poissons.
C’est une HONTE. Le dire ne changera peut-être pas les choses, mais sait-on jamais…
Christophe Courtois
Rédacteur en chef