La fédération de pêche de l'Ain, les AAPPMA du Doubs, l'association ANPER-TOS et la FNPF n'ont jamais abandonné le combat, remontant les doléances des pêcheurs. Et ce malgré les pressions reçues, comme le souligne Nikola Mandic, président de la fédération de pêche de l'Ain, qui nous donne tous les détails dans une vidéo postée sur Facebook (voir en bas de l'article).
Voici les motivations complètes du Conseil d'Etat. Concrètement, la juridiction reconnait les dégâts du cormoran sur les populations piscicoles et demande aux Ministères de l'Agriculture et de la Transition Ecologique de fixer par arrêté, dans un délai de quatre mois, des plafonds départementaux de destruction pour la période 2022-2025. La situation devrait donc revenir à la normale... malgré le fait que les cormorans aient bénéficié depuis deux ans d'une relative traquilité pour poursuivre leur expansion !
Voici le courrier adressé ce mardi aux fédérations de pêche par Claude Roustan, le président de la FNPF :
"Le Conseil d’Etat a rendu ce lundi une décision donnant raison à la Fédération Nationale pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique (FNPF) et à son réseau, qui requéraient la restauration des possibilités de « régulation » du grand cormoran, en raison de sa prédation sur les peuplements piscicoles. La décision accorde un délai de 4 mois pour la prise d’un nouvel arrêté interministériel.
Le recours de la FNPF s’est appuyé sur les constats biologiques relatifs à l’impact du cormoran fournis par les FDAAPPMA de l’Aude, du Vaucluse, de la Vienne, de l’Oise, du Doubs et de l’AAPPMA de Saint-Etienne-de-Lugdarès (Ardèche). Nous remercions chacune de ces structures pour leur contribution.
Dans sa décision, la haute juridiction administrative considère, d’une part, que « le grand cormoran est une espèce en bon état de conservation en France, dont les populations connaissent une croissance dynamique » et que son « incidence peut, dans certains cas, être importante et conduire à une diminution substantielle de la biomasse de certaines espèces ». D’autre part, elle relève que « la pression de prédation qu’il exerce apparaît susceptible, dans certains contextes particuliers, de contribuer à la dégradation de l’état de conservation de ces espèces » (considérants 10 et 11), au vu des études et observations de terrain fournies par le réseau.
Et de conclure : « En s’abstenant de fixer des plafonds départementaux en ce qui concerne les cours et plans d’eau libres, les ministres ont privé les préfets de la possibilité d’accorder des dérogations pour les eaux libres aux interdictions de destruction de grands cormorans s’ils constatent que la prédation de cet oiseau occasionne dans ces eaux des risques pour des espèces de poissons protégées ou dont l’état de conservation est défavorable, alors qu’aucune étude ne permet à ce jour d’exclure ce risque. »
Ce raisonnement correspond en tout point aux arguments de la FNPF.
Cette décision implique l’adoption d’un nouvel arrêté ministériel définissant des quotas de « régulation » des cormorans en eaux libres, sous 4 mois. Des arrêtés préfectoraux pourront alors être pris, département par département, sur la base des éléments de connaissance solides et disponibles au plan local.
Nous pouvons nous réjouir d’une décision historique qui rappelle que le poisson aussi mérite protection."