C'est une vidéo sur les réseaux sociaux qui a mis le feu aux poudres. Son auteur est Anthony Gibory, guide de pêche et qui a travaillé de nombreuses années à la Maison de la Pêche et de la Nature de Levallois (92), et sait donc de quoi il parle... Il était en vacances dans l'Hérault au moment des faits. Il a donné l'alerte en découvrant des poissons agonisants sur la rivière Mosson. L'AAPPMA publie d'ailleurs le même jour (le 2 août) des photos de silures avec des lésions sur le corps et appelle sur Facebook à "une pêche de récupération des silures morts", aux côtés du personnel de Montpellier Métropole.
Le lendemain (3 août), Anthony s'y rend, mais il assiste à un triste spectacle : "C'est un vértiable massacre, dénonce-t-il dans sa vidéo. Des bénévoles et des personnes salariées (...) massacrent des silures avec des pioches, des couteaux, il y avait carrément des masses". Le récit de la scène fait froid dans le dos, d'autant que "des poissons intacts" auraient été tués. "C'était une horreur", conclut Anthony. La vidéo complète est à voir ci-dessous :
L'AAPPMA de Montpellier Les Chevaliers de la Gaule et la Fédération de pêche de l'Hérault sont mises en cause, tout comme Montpellier Métropole. Après quelques heures de buzz, les deux premières ont répondu à leur tour sur les réseaux sociaux. Nous n'avons pas réussi à les joindre pour le moment... mais nous ne désespérons pas.
La réponse de l'AAPPMA
L'association dénonce sur sa page Facebook les propos d'Anthony Gibory : "cette personne raconte n'importe quoi et on n'a pas éliminé ces pauvres poissons de gaité de cœur". Sans avoir les résultats définitifs des analyses, l'association explique que la salinité ou le manque d'oxygène ne sont pas les causes de la mortalité, mais qu'un "virus tuaient [les silures] lentement par nécrose". Un déplacement de la population n'était donc pas possible selon elle, au risque de contaminer une autre partie de la rivière. Le choix a donc été fait de sacrifier 500 kg de poissons. "La méthode est peut-être contestable, admet l'AAPPMA, mais il fallait retirer rapidement ces poissons infectés du milieu et les euthanasier, pour être ensuite envoyés vers l'équarrissage", tout en précisant que la contamination "à première vue ne touchait que les silures".
La réponse de la fédération
La fédération de pêche de l'Hérault, "peinée de cette situation", s'est défendue dans un communiqué publié sur sa page Facebook. Elle dénonce les propos et la vidéo d'Anthony Gibory et se défend d'avoir évoqué une pêche de "sauvetage". Deux agents de l'OFB et de la fédération avaient fait le déplacement la veille et constaté des silures présentants des lésions, les premières analyses de l'eau (température, oxygène et conductivité) étaient bonnes. Pour elle aussi, il n'était pas possible de déplacer la population, pour éviter toute contamination. Au moment des faits reprochés, "un seul salarié de la Fédération était sur place et en aucun cas nous sommes responsables de ces consignes. A aucun moment, la Fédération ou l’AAPPMA a amené du matériel tel que gaffes ou pioches pour euthanasier du poisson".
Plusieurs questions restent donc en suspens : qui a tué les silures ? N'y avait-il pas d'autre solution ? Pourquoi aucun personnel qualifié n'est intervenu pour stopper ces agissements ? Est-ce que d'autres espèces étaient touchées ? Les silures étaient-ils vraiment touchés par un virus ? Pourquoi personne ne s'excuse ?
La fédération a promis de publier les résultats des analyses aussitôt qu'elle les aura ("sous deux semaines", écrivait-elle le 4 août). Anthony Gibory, que nous avons eu au téléphone, va publier une nouvelle vidéo. pour apporter quelques précisions face au buzz engendré par sa première publication. La pêche se serait bien passée d'une mauvaise publicité par les temps qui courrent... mais les réactions offusquées de la très large majorité des pêcheurs peuvent aussi rassurer.