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La mulette perlière, une moule d'eau douce en danger d'extinction

De prime abord, il s’agit d’une simple et vulgaire moule d’eau douce… Pourtant, derrière cette banalité, ce mollusque possède une biologie, une histoire et des caractéristiques uniques ! Malgré sa protection, la mulette est aujourd’hui en danger d’extinction à travers le monde. En France, elle ne subsiste que sur quelques rares portions de bassins. Découverte de cette espèce inconnue et très à part.

La mulette perlière (Margaritifera margaritifera) est un bivalve de couleur très foncée tirant sur le noir. Elle vit ancrée sur le fond et uniquement en eau douce. La plupart du temps, elle est même recouverte de sédiment, rendant la tâche d’identification encore plus délicate. Cette espèce mesure tout au plus une quinzaine de centimètres pour quelque cinq centimètres de large. Ce coquillage dispose d’une incroyable espérance de vie avec un record pour l’espèce de près de 150 ans ! À l’origine, la mulette dispose d’une aire de répartition très vaste qui s’étend sur une grande partie des pays bordant l’Atlantique nord. Si les populations semblent stables sur certaines régions du monde, dans la plupart des cas, c’est la grande dégringolade et on estime un déclin de près de 60% sur le dernier siècle ! La France essuie le même constat, d’autant plus que chez nous, son déclin ne date finalement pas d’aujourd’hui. Et pour cause, peu le savent, mais la mulette a durant longtemps été une espèce exploitée pour… ses perles ! Depuis l’Antiquité, cette espèce a été très largement exploitée pour en extraire le bijou de nacre. Elles ont pendant des siècles habillé les hautes sphères jusqu’aux Rois de France ! On parle de la reine Marie de Médicis qui, pour le baptême de son fils, un certain Louis XIII, revêtait une robe ornée de 30000 perles de moules d’eau douce. Seulement 1 individu sur 2000 environ fabrique une perle.

Le déclin de la mulette est aussi lié à la modification de son habitat.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Habitat

En France, la situation est pour le moins critique et nous retrouvons à peine une centaine de milliers d’individus répartis sur environ 80 cours d’eau. L’espèce très exigeante apprécie les massifs anciens, ce qui fait qu’on retrouve la mulette principalement dans le Massif central et sur plusieurs rivières armoricaines. Dans les Pyrénées, seulement deux bassins-versants abritent le précieux coquillage. Une seule population est aussi avérée dans les Vosges. La moule apprécie un substrat type gravier pour pouvoir s’enfouir dans le sédiment à son jeune âge, celui-ci devant être diversifié avec des blocs par exemple de façon à structurer le gravier. Au niveau des écoulements, elle apprécie les zones avec un peu de courant pour pouvoir filtrer l’eau, mais aussi assurer un renouvellement en eau assez important, pour lui apporter de l’oxygène et limiter la hausse de la température. Au niveau profondeur, c’est assez variable, allant d’une vingtaine de centimètres à près d’un mètre. C’est un organisme filtreur capable de filtrer jusqu’à 50 litres d’eau par jour. Mis à part l’existence de quelques belles populations comptant plusieurs milliers d’individus, dans la majorité des cas on ne retrouve que de petits groupes où subsistent quelques dizaines de sujets… La surexploitation de la moule perlière n’est pas non plus la seule raison de son déclin. C’est en fait une accumulation: la continuité écologique, le réchauffement climatique, le colmatage des rivières, les pollutions… Animal filtreur dans l’incapacité de se mouvoir rapidement, la moule perlière subit directement les dégradations généralisées des rivières.

La mulette perlière a une croissance très lente pour une longue espérance de vie.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

Cycle complexe

Leur cycle biologique est assez incroyable, puisque leur survie dépend aussi de la présence ou non des salmonidés. Les populations de truites fario et de saumons atlantiques ont aussi un impact sur les moules perlières. Leurs dynamiques sont étroitement liées. À la fin de l’été, les moules (presque) parfaitement synchronisées, expulsent des larves qui doivent impérativement se fixer sur les branchies de ces poissons « hôtes » dans les 48 heures ! C’est la durée pendant laquelle elles sont viables. Les larves vont ensuite rester sur les branchies de ces poissons durant une période pouvant aller de deux à dix mois, avant de tomber dans le substrat des cours d’eau. Elles vont s’enfouir pour cinq à dix ans environ, puis ressortir du sédiment au fur et à mesure pour se reproduire lorsqu’elles auront 15 ans. Ce cycle est long et très complexe !

Son cycle est étroitement lié aux dynamiques des populations de truites et de saumons.
Crédit photo : Jean-Baptiste Nurenberg

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