Reprenons les bases
Qu’est-ce qu’un bas de ligne ?
Le bas de ligne est l’élément essentiel de notre ensemble lorsque l’on pêche en sèche ou avec des nymphes légères. Sans une mécanique parfaite, il peut ruiner notre journée de pêche ! Deux versions existent. Le bas de ligne type queue-de-rat est naturellement dégressif car étiré à chaud avec un diamètre passant généralement d’un 45 ou 50 centièmes (de millimètre) à une pointe dont le diamètre peut varier de 10 à 20 centièmes. Il peut être très efficace, car extrêmement polyvalent. Aujourd’hui, de nombreux modèles différents existent, il est très facile de s’y perdre. Le bas de ligne à nœud, pour sa part, est généralement construit par le pêcheur lui-même en nouant des éléments de longueurs et de diamètres différents en fonction d’une utilité précise. C’est ce dernier qui nous intéresse ici !
Quelle est son utilité ?
Il se doit de conduire l’énergie générée par le lanceur au travers de la canne et de la soie jusqu’à la mouche, pour que celle-ci, d’un poids négligeable, puisse se poser à l’endroit désiré. En fonction des conditions on aura besoin d’un bas de ligne plus ou moins rapide pour une précision accrue ou, au contraire, d’un bas de ligne plus ou moins lent, pour favoriser la discrétion. Généralement, on utilise un bas de ligne rapide pour les rivières tumultueuses, où il faut être précis, et un bas de ligne plus lent sur des rivières plus calmes où on favorisera la délicatesse et la discrétion.
Comment ça fonctionne ?
Le plus simple pour répondre à cette question est de l’imager. Un bas de ligne à nœud correspond à une succession d’engrenages ! Si on donne une vitesse à une grande roue qui la transmet à une plus petite, la petite tournera très vite : c’est le bas de ligne dégressif ! On diminue la longueur des brins (on passe de la grande roue à la petite), on accélère le bas de ligne.
Si, au contraire, on donne la vitesse à une petite roue qui en entraîne une plus grande, cette dernière tournera lentement : c’est le bas de ligne progressif. On augmente la longueur des brins (on passe de la petite à la grande roue), on ralentit le bas de ligne !
Les différents types de bas de ligne
Pour faire dans les extrêmes, nous distinguerons deux grands types de bas de ligne :
• le dégressif qui permettra d’être précis ;
• le progressif qui permettra d’être discret.
Le bas de ligne dégressif
Utilisé pour sa vitesse, le principe de base est que chaque brin doit avoir une longueur plus courte que l’élément de plus fort diamètre qui le précède. Exemple type :
Diamètre (/100) | 45 | 40 | 35 | 30 | 25 | 20 |
Longueur (cm) | 70 | 65 | 60 | 55 | 50 | 45 |
Trois paramètres permettent de rendre ce bas de ligne plus rapide :
• marquer une dégressivité plus accrue en descendant de 10 centièmes en 10 centièmes ; • avoir des brins bien plus courts que les précédents (ex : réduire de moitié à chaque changement de diamètre) ;
• utiliser un Nylon rigide (type Maxima)
Le bas de ligne progressif
Très peu utilisé, il était, il y a quelques années, le partenaire des plus grands pêcheurs à vue. Il permet des posés délicats à distance que ce soit avec des nymphes légères ou des sèches pas trop volumineuses. C’est un allié de choix pour les rivières calmes ou les lacs. Exemple type :
Diamètre (/100) | 45 | 40 | 35 | 30 | 25 | 20 |
Longueur (cm) | 45 | 50 | 55 | 60 | 65 | 70 |
Trois paramètres permettent également de ralentir un bas de ligne
• une dégressivité faible en diamètre (de 5 centièmes en 5 centièmes) ;
• une progressivité plus importante dans la longueur de différents brins ;
• un Nylon souple (type Kamoufil).
Le porte-pointe et la pointe
Le volume des mouches envoyées peut impacter directement la qualité de posé du bas de ligne. En effet un bas de ligne qui ne serait pas assez dynamique serait freiné par une grosse mouche et ne permettrait pas d’être précis. Au contraire, une toute petite mouche avec un bas de ligne très rapide, risquerait de se plaquer et de draguer immédiatement. Pour éviter ces deux problèmes on jouera principalement sur la longueur de pointe et surtout de porte-pointe. Plus notre porte-pointe sera court (ou absent) moins l’énergie pourra se diffuser jusqu’à la mouche (comme si en voiture, on passait de la 1re à la 6e , on calerait). La pointe tombera en tas, la mouche à proximité immédiate du 20 centièmes. Cela peut cependant être utile dans deux cas :
• soit on veut faire descendre rapidement une nymphe, et donc le posé en paquet fera descendre à la verticale la nymphe sur la longueur de la pointe ;
• soit on veut faire pêcher une sèche « longtemps » sur un amorti alors que le bas de ligne est dans un courant. Le temps que la pointe se tende, la sèche aura le temps de pêcher sans être entraînée. Attention, veillez toujours à construire votre pointe et votre port-pointe dans la même matière ! Sans ça, la différence d’élasticité entre deux fils de marques différentes peut occasionner des casses intempestives !
Le bas de ligne régulier
C’est très simple ! Ce bas de ligne est une succession de roues de même taille dans un système d’engrenages, il transmet donc exactement la vitesse que l’on a donnée à la soie jusqu’au porte-pointe. C’est donc ce dernier qui déterminera toute la qualité des posés et des dérives.
Utilité
Ce modèle est finalement très peu employé, car peut-être trop simple. Et pourtant, il est redoutable d’efficacité ! Bien que l’on puisse parfaitement l’utiliser sur une soie type WF avec une tête courte, il prendra vraiment tout son sens avec une DT ou avec une WF munie d’une tête très longue. De la même manière, pour que l’ensemble soit parfaitement équilibré, on tirera le meilleur de ce bas de ligne avec une canne assez rapide mais progressive. Ça tombe bien, c’est souvent l’action idéale pour les pêches fines estivales !
Polyvalence
C’est le bas de ligne le plus polyvalent qui soit. Que ce soit en eaux rapides ou sur les grands « lisses » de la rivière d’Ain, il saura s’adapter juste en jouant sur sa longueur de porte-pointe. Si on cherche à écraser le posé pour rechercher de la précision, on utilisera un porte-pointe plus court que la longueur des autres brins. Si au contraire on pêche de grandes dérives qui nécessitent de la souplesse et de la maniabilité, on utilisera un porte-pointe plus long que les éléments supérieurs. Sa seule vraie limite sera le vent. Pour ça, un bas de ligne rapide reste la seule solution.
Maniabilité
C’est le maître mot d’un bas de ligne régulier ! Tant au lancer que pour pratiquer des posés particuliers (tendus, courbes, en revers, en coup droit) il s’adaptera parfaitement. Là où il excelle, c’est quand il faut le replacer pendant la dérive (à l’aide du mending). D’une étonnante facilité, vos dérives de trois quarts augmentent en longueur en effaçant complètement le dragage !
Modèle de base
Pour donner une idée de ce bas de ligne, partons sur un modèle de base, idéal sur une soie de 4.
Diamètre (/100) | 45 | 40 | 35 | 30 | 25 | 20 |
Longueur (cm) | 60 | 60 | 60 | 60 | 60 | 60 |
Sa longueur est de 360, hors pointe et porte-pointe, ce qui peut en faire un bas de ligne relativement long, bien souvent décisif en été. Pour des pêches fines en petites rivières, on peut garder exactement le même profil en supprimant les 45 centièmes pour l’associer à une soie de 3.
Note 1 : les matériaux de construction. Dès lors que l’on pêche en surface, le Nylon aura notre préférence. Un Nylon souple comme le Kamoufil ralentira votre bas de ligne. Il sera également très utile quand on pêchera avec des petites mouches ou des pointes fines, son élasticité servira d’amortisseur aux ferrages et aux rushs. Au contraire, pour l’accélérer ou pour envoyer une mouche volumineuse, on utilisera un fil plus rigide, comme le Maxima. Sur un bas de ligne régulier, on sent parfaitement la différence entre ces deux matériaux !
Note 2 : les accessoires nécessaires. Le meilleur bas de ligne du monde, s’il n’est pas parfaitement entretenu, sera toujours une catastrophe en action de pêche ! Donc pensez bien à graisser régulièrement le corps de votre bas de ligne et dégraissez aussi souvent sa pointe.
Conclusion
Le bas de ligne régulier est à l’heure actuelle très peu utilisé. Et pourtant, il n’a que très peu de défauts et est un véritable 4x4 dès lors que l’on commence à savoir jouer avec la longueur du porte-pointe. Lors des pêches délicates d’été, il devient même le partenaire idéal ! L’essayer, c’est l’adopter ! Vous nous en direz des nouvelles…