Autour d'Isigny-sur-Mer

Isigny-sur-Mer est une petite ville de Normandie dont tous les Français connaissent l’existence pour ses caramels et sa production laitière. Bordée à l’ouest par la Vire, fleuve côtier qui sépare Manche et Calvados, et traversée par son affluent, l’Aure, l’étape est idéale pour le pêcheur éclectique. À quelques kilomètres de là, en bord de mer, Grandcamp-Maisy vaut déjà le détour. Cette petite station fut longtemps fréquentée pour ses bains de mer vivifiants. La jetée de Grandcamp érigée à la sortie du chenal du port de plaisance est réputée pour les pêches à soutenir et aux leurres. Le bar est le poisson le plus recherché. On y prend également tacauds, mulets et anguilles. En fonction du coefficient de marée, on peut pêcher en surfcasting sur la plage de Grandcamp. Là encore, c’est le bar qui fait l’objet de toutes les attentions.

La pêche à pied

Mais Grandcamp-Maisy, c’est surtout un haut lieu incontournable pour la pêche à pied. Le crustacé le plus recherché des spécialistes reste le bouquet qui fait se déplacer des milliers d’adeptes chaque année. Dès le mois de juillet, période qui marque l’ouverture de sa pêche, c’est un peu le métro aux heures de pointe ! À marée basse, devant le port de plaisance ou la jetée et face au clocher de l’église, pêcheurs et plaisanciers traquent cette belle crevette qui se réfugie sous les laminaires et dans les nombreuses petites mares sur les roches de Grandcamp. Cette recherche, qui à première vue semble d’une simplicité enfantine, est en réalité très physique. La bonne technique consiste à pousser sous les algues un large filet à lame sur plusieurs mètres. L’autre façon de procéder consiste à passer un filet rond, appelé bouquetout en Normandie, sous les rochers qui entourent les petites mares d’eau. La petite astuce est de taper les rochers avec son filet pour en faire sortir les bouquets embusqués.

Outre l’emblématique crevette, les roches de Grandcamp sont riches en étrilles, gros tourteaux et en homards. Plus à l’écart, au nord-est de Grandcamp-Maisy, se dressent les falaises de Cricqueville-en-Bessin. Au pied de celles-ci et depuis la plage de galets, on pêche ici de gros bars principalement aux leurres de surface. Ces falaises sont aussi très fréquentées par les adeptes des pêches en kayak.

Ruée vers l'Aure

En revenant vers Isigny, on croise l’Aure qui coule à travers le marais verdoyant. C’est une petite rivière peu profonde et très encombrée de végétation. Elle recèle une très importante population de brochets et de perches. La pêche aux leurres est la plus pratiquée, en priorité avec un montage texan. Outre les carnassiers, elle est aussi bien pourvue en poissons blancs : gros rotengles, gardons, tanches et carpes principalement. À l’approche d’Isigny, d’importantes colonies de mulets remontent la rivière ainsi que des aloses dès le printemps. Au moment d’entrer dans Isigny, l’Aure se sépare en deux pour finir dans le chenal du port, situé en plein centre-ville. L’eau devient saumâtre et, depuis les quais du port, il est possible de s’amuser avec la prise de jolis mulets à l’aide d’une cuiller eschée d’une néréide de vase, appelée ici pelouse. Sous Louis XVI, cent bateaux de commerce entraient chaque année dans le port. Le chenal a surtout permis, avec les quais construits en 1804, de recevoir des embarcations au tonnage dix fois supérieur de manière à exporter le fameux beurre local… jusqu’au Brésil !

La Vire

Au bout du chenal d’Isigny, l’Aure rejoint la Vire à la pointe du Petit Feu. Le vaste chenal qui en résulte a été mis en service en 1850. Les digues du chenal ont dû être renforcées par l’apport de milliers de tonnes de roches de granit afin d’éviter le travail de sape de la marée et du mascaret les jours de gros coefficients. À cette pointe du Petit Feu, très connue et donc très fréquentée par les amateurs, on pêche activement le bar à soutenir ou en surfcasting aux appâts, néréides ou arénicoles. Le mulet est également présent ici en grand nombre. À l’ouest d’Isigny, la Vire marque la frontière entre les départements de la Manche et du Calvados. À l’approche de la mer, le débit du fleuve est régulé par les portes à flots situées au pont du Vey. En aval des portes à flots, on croise des mulets, quelques bars mais aussi de nombreuses aloses et des truites de mer. Vers l’amont, les rives du fleuve, peu fréquentées, sont propices à la pêche des carnassiers, gros brochets, sandres et perches. La pêche aux leurres est de loin la plus appropriée si on recherche les gros brochets sur ces rives difficiles d’accès. Là encore, on assiste à de nombreuses remontées d’aloses dès le printemps. Les poissons blancs, gros gardons, brèmes et carpes, sont également bien présents. La grande canne et le feeder sont très efficaces. Cependant, les nombreuses variations de courant et de niveau dues à la mer toute proche ne facilitent pas la tâche car il est nécessaire de changer régulièrement de ligne pour s’y adapter. Le flotteur plat est alors souvent la solution.

L'Elle

Au sud d’Isigny, dans l’ancienne commune de Neuilly-la-Forêt, l’Elle est classée en seconde catégorie des fossés du château au pont de la Flotte. C’est un petit cours d’eau sauvage qui mérite le détour et qui termine sa course en se jetant elle aussi dans la Vire, en aval du hameau de Saint-Lambert. On y croise des brochets et des perches et même quelques truites, des arcs-en-ciel et des farios. La pêche aux leurres est de loin la plus efficace à pratiquer sur cette rivière étroite et encombrée de végétation, surtout en amont du pont de Grisey.

Grosses ablettes

Les poissons blancs y sont également bien présents notamment de très grosses ablettes et gros gardons, brèmes et carpes. La pêche au coup à la grande canne dans cette petite rivière doit se faire avec la plus grande discrétion, notamment au niveau de l’amorçage. Lignes légères et coupelle devront donc être de sortie !