Cette technique consiste à lancer un leurre souple, monté le plus souvent sur une tête plombée, et à le récupérer à l’aide, du moulinet, de la canne, voire des deux en même temps. Le terme « linéaire » est apparu lors de l’avènement de la verticale pour bien dissocier ces deux techniques. Ce n’est pas que l’on ne recherchait pas le sandre de la sorte auparavant, bien au contraire.
L'avènement des leurres souples
En effet, lors de leurs premières utilisations, les leurres souples sont arrivés pour compléter la panoplie du pêcheur au mort manié. Ces « bouts de plastiques » remplaçaient de temps à autre gardons et ablettes au bout du même ensemble avec les mêmes animations. En une vingtaine d’années, l’offre a explosé tant au niveau des cannes que des friandises. Pour s’en convaincre, il suffit de se rendre dans un magasin de pêche et d’observer le rayon leurres souples. Entre les « shads », les virgules, les écrevisses, les slugs, les finess, etc., il devient difficile de dire que l’on ne trouve pas notre bonheur. Reste encore à les utiliser au bon moment, au bon endroit et de la bonne manière… À condition de respecter quelques règles simples, il est relativement « facile » de prendre ses premiers sandres en linéaire. La première chose à faire, c’est de trouver un plan d’eau ou une rivière qui a réellement une population de sandres correcte. En effet, notre percidé est tout de même de moins en moins présent sur le territoire. Les lacs du Massif central, nos grands fleuves sur les parties aval, la Saône, la Meuse, la Vilaine et j’en passe, ont encore de quoi faire rêver le pêcheur de sandres. Il y a également tout un tas de plans d’eau moyens et de canaux qui offrent de réelles perspectives de captures. Cherchez de l’eau qui a tendance à verdir l’été et qui offre des abris aux poissons pendant la période hivernale et vous avez de fortes chances de trouver votre bonheur.
La bonne saison
L’automne marque le début de la meilleure saison pour rechercher notre prédateur. La baisse des températures concentre le fourrage dans les plans d’eau et par conséquent les sandres également. En rivière, les crues vont également générer des concentrations de poissons dans les amortis et donner lieu à des pêches inimaginables dans des conditions normales. On parle toujours de pêche du sandre en crue, mais pour être vraiment précis, le meilleur moment pour les rechercher reste la décrue. En effet, il faut guetter ce moment où la rivière commence à redescendre, l’eau s’éclaircir légèrement, où il y a de moins en moins de feuilles mortes et autres débris végétaux en suspension. Plus la crue perdure, plus elle est importante et plus long sera le créneau pour les prendre. Le sandre est sans le moindre doute le poisson pour lequel le moindre détail compte. Vous devez trouver le bon compromis entre amplitude de l’animation, vitesse de récupération et vitesse de descente du leurre.
Une animation en finesse
Dans le cas des pêches en rivière, l’angle de présentation par rapport au positionnement des poissons dans le courant joue aussi un rôle prépondérant. Pour faire simple, en rivière, je commence mes prospections entre un quart et trois quarts aval. Plus l’eau est claire, plus la luminosité est forte, plus les poissons se postent profond. A contrario, en période de crue, les poissons sont le long des berges dans parfois moins d’un mètre d’eau. Du bord comme en bateau, une fois le lancer effectué on laisse le leurre toucher le fond. Plusieurs animations doivent alors être tentées. La plus simple consiste à relever la canne d’environ 30 degrés et à faire entre un et quatre tours de moulinet avant de laisser le leurre reprendre contact. Dans ce cas de figure, la canne n’a pas bougé de sa position initiale. Plus l’eau est claire, plus les poissons sont actifs et plus on peut mouliner rapidement. Une autre animation consiste à décoller le leurre plus ou moins vivement à l’aide de la canne pour ensuite le laisser planer pour reprendre contact avec le substrat. Dans la plupart des cas, les touches interviennent sur la phase de descente. Il est donc important de conserver une bannière tendue et de ne pas avoir la canne trop à la verticale pour bien ressentir la touche et assurer un ferrage avec suffisamment d’amplitude.
Les deux sens
Si je n’ai pas de touche en pêchant vers l’aval, je tente toujours des lancers vers l’amont. J’aime particulièrement utiliser le courant pour « porter » mon leurre. On cherche alors à trouver le meilleur compromis entre la « portance » de la ligne, le poids de la tête plombée et la forme du leurre. Il arrive que les sandres ne prennent que des leurres qui « raclent » le fond sur les périodes de faible activité. Quand cette dernière monte en intensité, ils se placent généralement dans la veine d’eau la plus puissante et interceptent volontiers un leurre qui plane davantage. En lac et plan d’eau, on va reprendre cette base pour les animations en regardant bien l’angle avec lequel on prospecte la pente. Le plus simple étant évidemment de descendre la pente, mais ces derniers sont assez « tordus » pour vouloir le contraire… Dans tous les cas, à chaque touche vous devez noter: à quelle profondeur se trouvait le leurre, quel type d’animation vous avez utilisé, sur quelle phase de cette dernière il a déclenché et quel était votre angle de prospection par rapport au courant, au cassant, voire les deux. Ces informations sont capitales pour le reste de la pêche !
Le bon équipement
Pour prospecter en bateau efficacement, il convient de choisir une canne assez longue entre 2,10 et 2,40 m. Plus vous pêcher loin, plus vous pêchez profond, plus il y a de courant et plus la canne sera puissante. À mes yeux, une canne linéaire sandre « passe-partout » mesure dans les 2,20 m pour une puissance de 7-28 g dans le cas des pêches embarquées. Du bord, j’aime les modèles de 2,50 m, voire un peu plus dans les mêmes plages de puissance. Pour les pêches légères (entre 3 et 10 g de tête plombée pour des leurres de 7 à 12 cm), j’ai une nette préférence pour les cannes spinning. Le moulinet est alors garni avec une tresse 8 brins entre 0,10 et 0,13 mm fluo. Pour les pêches plus lourdes, en particulier en bateau, une canne casting est plus confortable. Le moulinet est équipé d’une tresse 4 brins fluo entre 0,15 et 0,20 mm en fonction de la taille des leurres utilisés, mais également de l’encombrement des postes. En eau claire, les bas de ligne auront un diamètre compris entre 0,20 et 0,28 mm en fonction de la taille des leurres. Si l’eau est trouble, on optera pour une taille de bas de ligne entre 0,30 et 0,40 mm.