Gamin, je dévorais les articles concernant la pêche des « boyats » au Guignol et autres poissons d’étain. Une bonne dizaine d’années plus tard, la pêche au plomb palette faisait son entrée en scène et ouvrait de nouvelles perspectives dans la recherche des percidés ! Les photos de ces grosses perches prises sur ces « bouts de métal » me fascinaient. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et j’ai capturé bon nombre de perches et de sandres à l’aide de ces techniques. Je reconnais même accueillir l’arrivée de l’automne avec un plaisir non dissimulé. Si les leurres et techniques ont évolué, il me semble que le comportement grégaire et curieux de nos percidés, lui, n’a pas changé. À chaque fois, c’est avec le même sentiment d’excitation que je laisse redescendre mon jig métallique dans une boule de grosses perches et que ces dernières se battent presque pour l’attraper, engendrant des touches violentes et de qualité. Partagées sur un bateau, ces pêches livrent des moments d’une intensité rare en eau douce.
Adapter son équipement
Avant d’en arriver là, il convient de respecter certaines règles et de bien maîtriser les outils à notre disposition. Ne vous lancez pas dans des achats inutiles et des prospections hasardeuses. Il convient de bien définir le type de milieu et les populations de carnassiers qui vivent dedans. L’une des clés du succès avec les leurres en métal vient de leur densité élevée. Le fait qu’une lame, un jig ou un spin tail retombe vite, voire très vite, est souvent le meilleur moyen de générer des touches de « réaction » et aussi de retourner rapidement dans le banc pour maintenir l’excitation que l’on a générée avec la prise précédente. En revanche, si la profondeur est faible, comme parfois en petite rivière, en plan d’eau ou en canal, cette masse importante peu devenir un handicap. De même, si la taille des poissons est modeste sur vos lieux de pêche, un matériel plus léger vous procurera davantage de touches et de sensations qu’un ensemble utilisé plus classiquement sur des grands milieux.
L'inégalable lame !
La lame est pour moi le leurre métallique le plus régulier tout au long de l’année. Les plus petits modèles, entre 30 et 50 mm, permettent dès le début de saison de prendre des perches en lac autour des bancs d’alevins. Inutile de se compliquer la vie, une récupération linéaire assez rapide dans les entrées d’anses dans lesquelles les poissons blancs ont frayé, et le tour est joué. Ce ne sont jamais de grosses pêches, mais c’est bien souvent le seul moyen de déclencher ces perches qui sont focalisées sur de toutes petites proies. Pour les sandres, à cette saison, j’utilise les mêmes modèles, mais en réalisant des tractions courtes sur le fond. Pour les pêches entre deux eaux, les modèles avec des hameçons triples ont ma préférence. Je réserve ceux avec des hameçons doubles pour les pêches avec des poses sur le fond.
Au niveau des postes, on reste dans le même esprit, en recherchant des tombants légèrement marqués dans les anses en pente douce et surtout celles qui comprennent une arrivée d’eau. Dans ce cas de figure, l’ancien lit du ruisseau est à prospecter en priorité. En période estivale gardez vos petites lames, mais dirigez-vous vers les rivières. Si vous avez le droit de pêcher les barrages, c’est au pied de la chute d’eau que vous allez réaliser les plus jolies pêches. Tirées courtes le long des empierrements les plus importants, récupération continue sur les plages de sable et de gravier, vous devez tout tester. Attention, dans ce cas de figure, la liste des espèces qui vont attraper votre bout de métal est assez longue: barbeau, chevesne, silure, brochet, aspe et j’en passe…
Au top en automne
C’est arrivé à l’automne, quand les températures de l’eau vont descendre en dessous de la barre de 12 degrés, que la fête des grosses perches et des sandres va vraiment commencer. On peut dès lors sortir des modèles un peu plus gros, 50 à 70 mm pour la rivière et jusqu’à 90 mm en lac. En rivière, les arbres immergés, les piles de ponts, entrées de darse sont autant de postes sur lesquels nos carnassiers vont se concentrer. En effet, à cette période, nos percidés se rassemblent en bancs compacts. Et c’est précisément dans ce cas de figure que les leurres métalliques deviennent imbattables.
La rapidité d’exécution et l’aptitude qu’ont les lames et les spintails à couvrir beaucoup de terrain permettent de localiser les poissons rapidement. En rivière, comme en lac, si vous ne réalisez pas vos recherches à l’aide du sondeur, je vous conseille de sur-grammer un peu vos leurres et de pratiquer du linéaire rapide pour déclencher les premières touches. Dans ces bancs compacts, la compétition règne. Il est bien rare qu’aucun individu ne craque au premier passage. Une fois la troupe localisée, je vous invite à descendre un peu en grammage et à ralentir un peu la vitesse de récupération. Que vous soyez sur des perches comme sur des sandres, gardez bien à l’esprit que moins vous ratez de touches, moins vite vous allez « caler » le banc. Un poisson piqué et décroché risque d’alerter le groupe en retournant dans le banc. Si vous pêchez dans moins de sept mètres d’eau, gardez vos prises dans l’épuisette où le vivier, le temps de terminer la prospection du poste. Cependant, relâchez les avant de quitter le secteur. Il n’y a franchement rien de glorieux à trimballer des poissons toute la journée dans un vivier !
Le discret jig
Le placement de l’embarcation joue un rôle primordial si vous pêchez dans peu d’eau. Trop loin, vous risquez de manquer des touches, trop près, le moindre bruit dans le bateau risque de provoquer la fuite du banc qui suit votre prise. Les lames et spintails produisent beaucoup de vibrations, le jig en revanche est plus « discret ». Quand les poissons ne réagissent plus aux leurres qui émettent des vibrations, ce dernier permet bien souvent de renouer avec des touches. Animez-le avec des tirées de 10 à 50 cm d’amplitude et en le laissant redescendre plus ou moins librement en fonction du modèle.
En effet, si la plupart des jigs se ressemblent, il n’en est rien ! Certains papillonnent beaucoup à la descente, d’autres très peu, certains descendent vraiment très vite, d’autres à plat. Il convient à chaque fois de tester vos différents modèles dans l’eau claire pour vous faire une idée.
Des animations variées
Le jig peut s’utiliser à toutes les sauces : lancer-ramener, dandine à distance ou à l’aplomb. Dans ce dernier cas de figure, il convient de retenir un peu le leurre à la descente si vous ne souhaitez pas que le triple de queue se prenne dans le bas de ligne. Dans tous les cas, la réussite est conditionnée par l’amplitude et la fréquence des animations ainsi que par la vitesse de descente du jig. Dans des eaux vraiment froides, j’ai même réalisé de magnifiques sorties avec des sandres, au milieu des perches, avec des jigs tout juste maintenus 10 cm au-dessus du fond et en réalisant des animations minimalistes. Vous pouvez réaliser de fréquentes pauses sur le fond. Les perches, notamment les plus jolies, ont la fâcheuse tendance à ramasser des leurres inertes.
Au coeur des bois noyés
J’adore pêcher au jig dans les arbres immergés. De la fin juin au début de l’hiver, cette technique m’a souvent rapporté de jolis sandres. Pour cela, il convient de choisir des modèles qui descendent assez vite et de les équiper avec un triple en queue seulement. Évitez les pointes rentrantes. Les triples à pointe droite sont plus faciles à décrocher du bois. La pêche se pratique à courte distance, voire à l’aplomb même. On commence toujours par la périphérie de l’arbre pour ensuite rentrer de plus en plus au cœur. Inutile de finasser, utilisez une tresse en 0,17 mm et un bas de ligne en 0,35 mm ! Vous laissez descendre le jig entre les branches à mi-profondeur, quelques mouvements de dandine puis on descend un peu, et ainsi de suite jusqu’au fond. Si vous êtes accroché, inutile de tirer comme une brute. En vous plaçant à l’aplomb exact de la ligne, vous la tendez et la détendez pour obtenir un mouvement de bascule du jig autour du triple. Vous verrez, neuf fois sur dix, vous allez récupérer votre leurre. Si j’aime cette approche dans les obstacles, c’est avant tout pour la qualité des touches, mais aussi pour l’incertitude du combat. On perd quelques poissons, bien entendu, mais par moments, c’est de loin la meilleure solution pour en prendre !
Ice jig en verticale ou linéaire
Enfin, dernier leurre métallique, les ice jigs, dont le plus connu est le jigging Rap. Ces leurres sont un complément idéal dans la panoplie de ceux qui pêchent en bateau. Plus souvent utilisés en dandine sous la canne, ces morceaux de métal livrent aussi régulièrement des poissons en verticale pure ainsi qu’en linéaire. Cette dernière utilisation est redoutable l’été et en début d’automne, quand les perches sont après les alevins. La nage désordonnée de ces petites merveilles a le don de rendre nos zébrées hystériques. Quelques coups de scions assez secs, une pause bien marquée et on recommence. La touche intervient quasi systématiquement pendant la pause. Pas de ferrage brutal, on prend juste contact en levant la canne et en moulinant en continu.
Mes choix de couleurs
Pour les eaux acides, les coloris perches, dorés, orangés, roses et cuivrés ainsi que les chartreuses ont ma préférence. Les bases dos bleu ont tout de même leur place en début d’hiver, quand l’eau s’éclaircie fortement. Dans les eaux calcaires, les bases argentées ou blanches, vertes, bleues et fire tiger sont les plus régulières.
Le bon équipement
Au niveau des ensembles que j’utilise, à part ma Gunki Chooten cut Scan jig 195MH qui est dédiée spécifiquement aux pêches avec des ice jigs et jigs métal, une canne de 2,10 m, d’action assez douce, en puissance M casting ou spinning en fonction des affinités, convient parfaitement pour les pêches au spintail et à la lame. Le moulinet est d’une taille 2000 ou 2500, garni de tresse fluo 8 brins en 0,13 mm. Les bas de ligne sont le plus souvent en 0,24 mm en fluorocarbone avec une pointe de 0,44 mm de 10 centimètres s’il y a des brochets sur la zone. Dans les obstacles, pour les sandres, je monte régulièrement à 0,35 mm pour le bas de ligne. Certaines journées, je vous conseille de monter un petit finesse ou shad de 2 pouces en potence à 30 centimètres au-dessus de votre leurre, le nombre de prises augmentera de façon non négligeable et les doublés réalisés sont juste impressionnants. Attention à ne conserver que deux hameçons sur le montage total. S’il y a réellement de belles perches sur les postes, inutile de descendre en dessous de 0,28 mm en bas de ligne, sans quoi vous vous exposez à des cases sur les plus jolies.