Pour commencer, par étang, j’entends des pièces d’eau qui font de un à une cinquantaine d’hectares, et qui ne communiquent pas avec une rivière (ou alors avec une petite arrivée d’eau). Ces pièces d’eau peuvent être des gravières, des ballastières, des sablières, des étangs isolés au milieu des bois ou des champs, avec des profondeurs souvent faibles, variant de 1 à 5 m. Ces étangs de moins de 50 ha, peu profonds et sans arrivée d’eau, ont la particularité de se réchauffer plus vite au printemps que les grands biotopes (lac, rivière, fleuve…). Ceci a une incidence sur l’activité des poissons. Ces derniers, avec les rayonnements du soleil, viennent profiter des premières chaleurs de la saison. On trouvera alors les poissons blancs proches des berges peu profondes. Les perches ne seront donc jamais très loin !
Une pêche de bordure
Les perches sont bien actives sur ces petits milieux au printemps. Je m’en suis rendu compte tout simplement en pêchant le brochet en début de saison. Il m’est souvent arrivé d’attraper de très jolies perches au buster jerk ou avec des leurres souples de 14 cm à cette période ! Suite à cela, il n’a pas fallu longtemps pour que je décide de pêcher spécifiquement les perches. J’avais remarqué que dans ma région, l’Est de la France, les perches que l’on attrapait accidentellement en pêchant le brochet étaient souvent proches des bordures peu profondes ou de structures immergées (arbres noyés, branchettes…). Après avoir observé et analysé la situation, j’ai compris que les poissons étaient proches du bord au printemps pour deux raisons :
• car l’eau plus chaude des bordures regroupe les petits poissons blancs, et donc le garde-manger des perches;
• car les perches, dans l’Est, frayent fin mars-début avril, sur des structures immergées (arbres noyés, racines, branchettes…) peu profondes, puis restent environ un mois autour de ces zones. Non pas qu’elles surveillent les chapelets d’œufs que l’on peut apercevoir sur les structures, mais surtout qu’elles restent dans ces « zones de confort » à l’eau plus chaude et bien nantie en poissons fourrage afin de se refaire une santé, avant de regagner les autres secteurs de ces étangs un peu plus tard dans la saison.
Si ces étangs sont privés, on peut alors espérer faire de belles pêches de perches en avril (suivant les régions), sinon il faudra patienter jusqu’à l’ouverture de la pêche en seconde catégorie du domaine publique, c’est-à-dire le dernier samedi d’avril. Dans tous les cas, d’avril à juin, c’est une bonne période pour pêcher les perches en étang.
Ne pas pêcher trop petit
Suite à ces observations, j’ai pu remarquer que pour capturer ces fameuses perches de printemps, il ne fallait pas pêcher trop petit. En effet, les poissons fourrage présents à cette période font souvent 6-10 cm. Inutile donc, à mon avis, de pêcher en 2 pouces avec des micro-leurres. Autant privilégier des leurres plus conséquents, mais attention de ne pas tomber dans l’excès. Même s’il est possible de faire des perches au buster jerk ou au leurre souple de 14 cm et plus (shad, shad à palette…) au printemps, on ne peut pas les rechercher spécifiquement avec des gros leurres sous peine de ne rien faire ou de ne pas être régulier dans ses résultats. Le mieux sera alors d’utiliser des leurres se rapprochant le plus de la taille de ces poissons fourrage, donc plutôt des leurres souples ou durs de 6 à 12 cm !
Le choix des leurres
Pour ma part, j’utilise les deux types de leurre, souples et durs, mais dans des conditions différentes.
• Les leurres durs : je vais les utiliser pour pêcher les zones shallow, donc peu profondes, avec de petits jerkbaits minnow. Je lance au plus près du bord, fais deux trois jerks et une pause. C’est souvent à ce moment qu’intervient la touche. S’il ne se passe rien, je reprends ma récupération de la même manière jusqu’à la cassure du shallow. Puis je ramène et relance. Si les poissons sont juste sur le dessus de la cassure, et qu’il faut passer à peine plus profond pour déclencher les touches, j’utilise alors un longbill minnow de la même manière. Mais dans tous les cas, je pêche avec des leurres durs assez imitatifs et qui pêchent suspending sur les pauses. Je n’utilise pas de crankbait ou de lipless pour pêcher les perches au printemps en étang. Ces leurres dits « de réactions » correspondent davantage à des moments de l’année où les poissons sont très actifs. C’est-à-dire en fin de printemps, en été, et à l’automne.
• Les leurres souples : je les emploie pour pêcher la cassure des zones shallow. C’est-à-dire lorsque les poissons ne sont pas en chasse et stationnent au pied de la cassure. Lors de ces situations, un shad imitatif de 6-10 cm animé sur le fond ne laissera pas insensible les perches. Lorsqu’on localise ces dernières au pied des structures immergées de type petit arbre noyé ou branchette, je vais utiliser un grub (queue virgule) pour capturer ces dernières. Le grub se met en action de pêche à la moindre sollicitation du pêcheur, il peut pêcher très lentement, et son aspect souvent filiforme le fait parfaitement passer dans et autour des structures, sans trop s’accrocher. Ramené doucement, c’est le leurre adapté pour rechercher les perches au printemps en étang sur ce type de structure immergé. Qui plus est lorsqu’elles sont peu actives. Les leurres souples (grub ou shad) sont aussi efficaces lorsque l’activité au leurre dur baisse. Les poissons peuvent commencer à se méfier de ce dernier, et les touches diminuent par la même occasion. C’est le bon moment pour pêcher plus discret, au leurre souple, et ainsi de continuer à enchaîner les perches !
Fin de printemps, début d'été
Lorsque les eaux se réchauffent, vers la fin du printemps (fin mai-début juin), j’utilise volontiers deux autres leurres en complément de ceux que l’on a déjà vus :
• les leurres de surface : les stickbaits et les poppers n’ont pas leur pareil pour déclencher des frénésies de perches lorsque les eaux se réchauffent sur les bordures. Quelques journées ensoleillées, et c’est parti pour de super coups du matin ou du soir en surface;
• les micro-jigs : ce sont des aimants à perches en étang lorsque les eaux se réchauffent beaucoup. Le régime alimentaire des perches va être plus opportuniste, et les premières écrevisses ne les laisseront pas indifférentes. C’est pourquoi, en étang, dans les bois et branches immergés, le micro-jig, associé à un trailer finess ou, mieux, écrevisse, est tout à fait adapté pour traquer les perches de printemps.
Le printemps est une période adaptée à la traque des perches en étang, que ce soit en bateau, du bord ou en float-tube. Cependant, attention à la réglementation des plans d’eau privés et du domaine public, ainsi qu’aux dates d’ouverture de la pêche, afin de pratiquer votre loisir en toute légalité.