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La traque des brochets géants : quelques clés pour les pêcher

Un sacerdoce pour certains pêcheurs qui vouent tout leur temps libre et leur passion à la seule recherche de ces poissons trophées. Mais la quête de ces géants n’est pas singulière. Même si, techniquement parlant, leur recherche est assez épurée, mentalement en revanche, c’est une autre affaire. Les résultats, outre le facteur chance qui fait partie intégrante de la pêche, sont générés par des valeurs communes à cette catégorie de pêcheurs : abnégation, détermination, persévérance, maîtrise des spots… et j’en passe. Néanmoins, lorsque sous nos yeux et dans nos bras, la récompense, fruit de tant d’obstination, nous laisse le privilège d’admirer l’exception d’une telle morphologie, le temps reste en suspens et l’instant nous transcende…

Avant toute chose, la recherche des gros brochets requiert une vraie connaissance des secteurs favorables. L’apparence spectaculaire de ces captures réside bien dans l’essence même de leur rareté et de la difficulté à les leurrer. Seules des observations précises, comme des suivis, des gros combats avortés et l’aide de l’électronique vont vous permettre de confirmer la présence de gros brochets sur un réseau hydrographique. Il est évident que, de ce point de vue, tous les pêcheurs ne sont pas logés à la même enseigne. Nombre d’entre eux n’hésitent pas à traverser la France pour aller pêcher les lacs alpins ou les grands systèmes fluviaux au sein desquels, potentiellement, ils atteindront leurs objectifs. Toutefois, il faut de la persévérance pour toucher le Graal. Dans cette approche, nombreux sont les échecs et les frustrations. Plus la densité de brochet est faible, moins la chance de capturer un géant va se présenter… Logique ! La disparité sur notre territoire est flagrante, il y a des secteurs géographiques bien plus propices à la recherche des grands brochets et d’autres où l’espoir est quasi nul. Ceci explique aussi l’engouement de ces pêcheurs pour les voyages à l’étranger : Irlande, Hollande, pays scandinaves, etc., où les populations piscicoles et l’halieutisme sont bien plus propices à la présence des gros spécimens. Mais où que ce soit, une connaissance affinée des secteurs est primordiale. Ces gros poissons ne se tiennent pas n’importe où.

La joie immense de trois pêcheurs qui ont capturé ce splendide spécimen
Crédit photo : Aurélien Lagarrosse

Où chercher ?

Ici encore, la bathymétrie est un atout incontournable. Cherchez-les en pleine eau ou sur les plateaux aux abords des fosses. Ils peuvent aussi être en phase de digestion dans très peu d’eau, et garder un degré d’inhibition important lié au mécanisme de chasse. Leur comportement varie énormément en fonction de la pression de pêche. Les gros brochets (taille supérieure à 110 cm) monteront plus difficilement dans la couche d’eau si les secteurs sont matraqués toute l’année. Dans les fleuves et les rivières, les configurations sont différentes et on peut les croiser près des bordures. Fréquemment, l’alliance de fosses profondes et de plateaux propices à la chasse va faciliter la colonisation du milieu par de gros brochets. Le partage des connaissances et des informations avec d’autres pêcheurs est également un atout considérable. Que ce soit avec d’autres guides ou pêcheurs passionnés, l’échange reste un complément indispensable à ses propres observations et galvanise ainsi l’acharnement que l’on voue à leur recherche. En revanche, une observation faite en Irlande – et qui est valable sur des lacs où la densité de poisson est importante – démontre que lorsque les gros sont dehors, ils sont rarement seuls. Il arrive périodiquement de toucher plusieurs spécimens sur la même zone, signe que leur activité alimentaire se déclenche bien en même temps. Par ailleurs, si on établit un contact avec un gros brochet sur un secteur bien précis, il y a fort à parier que sur les autres zones similaires et soumises aux mêmes conditions (orientation du vent, dérives…) vous y croiserez un de ses semblables. Il ne faut pas rater cette occasion et bien rester focus lors de ces phases d’activité. Ce fut le cas une fois de plus en Irlande. Le passage d’un anticyclone à une perturbation d’ouest en automne a déclenché l’activité des brochets. Cette situation a duré quelques jours où les très gros sujets étaient dehors. Après avoir décroché plusieurs spécimens, la mise au sec d’un poisson de plus de 120 cm a confirmé la conjecture. Le jour suivant, c’est un autre poisson du même gabarit qui a rejoint l’épuisette. Puis, tout s’est arrêté d’un coup comme si de rien n’était, les gros sont retournés dans leur zone de confort, laissant ainsi la place aux plus petits qui avaient bien pris soin de se carapater.

La largeur de la tête de ce brochet de 129 cm est impressionnante
Crédit photo : Aurélien Lagarrosse

Techniques, entre simplicité et efficacité, pas de place aux imperfections

Nombreuses sont les techniques pour appréhender les gros brochets. De la traîne, aux leurres ou aux appâts, au mort posé version carpiste, c’est le lancer-ramener qui va procurer la plus belle montée d’adrénaline lorsque la touche va résonner dans tout le bras. Sur les gros brochets, elle intervient généralement dans les premières secondes. Soit à l’impact du leurre, soit lorsqu’on laisse celui-ci se poser sur le fond. Cette dernière surgit alors dans les premiers mètres de récupération (attaque plus ou moins réflexe). Cela implique un lancer dans la sphère de chasse du poisson. Quelle que soit la touche, un coup de fusil, un arrêt net… le ferrage est la phase la plus importante. Le leurre est bien souvent coffré en travers de la gueule, et si celui-ci n’est pas assez appuyé, la décroche est assurée. Juste après le ferrage, un gros poisson va généralement donner deux grands coups de tête bien espacés (voire un seul pour les très gros) et se déplacer assez lentement de manière linéaire. Et c’est à la vue du bateau qu’il va envoyer son premier rush. Couramment, c’est à ce moment qu’intervient la décroche. Le choix du matériel prend donc toute son importance. Pour la sélection des leurres, on rentre dans le big bait, c’est-à-dire 16 cm et plus, jusqu’à 35-40 cm, mais surenchérir n’a pas forcément d’utilité à part se fatiguer et compromettre son séjour. La mensuration des leurres est faite pour sélectionner ses prises, il faut donc accepter de ne pas avoir de touches pendant un long moment… jusqu’à plusieurs jours. Rester concentré dans ces conditions est un véritable challenge, qui ne correspond pas à tout le monde. Pourtant, c’est bien le prix à payer pour se satisfaire du résultat.

Au fil des saisons, les Miuras Mouse deviennent les leurres à spécimens. Largement customisables, elles s’adaptent à de nombreuses situations
Crédit photo : Auréien Lagarrosse

Jerk ou swimbait ?

Les swimbaits durs ou souples sont un choix de prédilection, étant donné leur volume et leur capacité à pouvoir descendre un peu plus dans la couche d’eau. Il y a peu de chance qu’un brochet de 120 cm et plus se déplace sur plusieurs dizaines de mettre pour intercepter votre leurre. Il faut passer au plus près de sa gueule. À ce jeu, la Miuras (CWC) est devenue une arme régulière, mais il faut savoir l’adapter en fonction des conditions et de l’humeur des poissons. Elle a l’avantage d’être « customisable » à souhait. On peut utiliser différents trailers : la double queue d’origine ou un gros shad (Dexter 25, Gbump 20, Giant Pig Shad). Ramenés très lentement, ils vont tous être diablement efficaces. Les contrastes têtes claires et corps foncés et vice versa sont de bonnes associations. Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à replomber pour pénétrer un peu plus dans la couche d’eau. La hauteur de nage est également un paramètre souvent décisif pour concrétiser une belle touche. Les jerks ne sont pas à négliger, très efficaces entre 0 et 5 m de profondeur, ils peuvent aussi décider des gros brochets sur des secteurs bien plus profonds. Bien sûr, la différence entre les lacs et les rivières reste importante, mais pour les très gros brochets, le côté silencieux et volumineux d’un gros leurre souple ou d’une Miuras n’a pas d’égal. Quoi qu’il en soit, on peut avoir confiance en son leurre dans ce type d’approche, il est clairement inutile de faire tourner sa boîte au risque de se perdre dans sa pêche.

Le combat est toujours un moment délicat avec ce grand poisson. Il nécessite tout d’abord un ferrage bien appuyé !
Crédit photo : Aurélien Lagarrosse

La pression au ferrage

Le choix de la canne découle de celui des leurres : il faut vraiment planter les hameçons dans la gueule du brochet. La plupart du temps, les très gros les prennent en travers. La pression de la mâchoire est telle que, pour déplacer le leurre déjà volumineux et y planter les hameçons, la canne, le geste ainsi que la qualité du piquant doivent être irréprochables. De ce côté, la marque 100% française VMC est à la pointe de la technologie, et leur série de triple 75 est une référence de choix. En conséquence, on opte pour une canne typée XXH pour une longueur minimum de 230 cm (on peut monter jusqu’à 270 cm selon la taille du pêcheur). Si le ferrage est bon et assez ample, on peut aussi descendre en XH. C’est arrivé plusieurs fois de décrocher de très gros poissons car trop de pression sur la ligne. Si le leurre est mal piqué, pour une raison ou pour une autre, une action un peu plus souple va, certes, allonger le combat, mais pourra a contrario éviter une décroche. Enfin, pour éviter toute mésaventure, et en faisant une exception sur les lacs alpins et autres eaux très claires, l’utilisation d’une tête de ligne est à proscrire. La tresse en 30/100 minimum est raccordée directement à 80 cm de fluoro en 100 centièmes ou plus. Pour les agrafes et les sleeves, c’est la même chose, trop de pêcheurs ont perdu le poisson de leur vie sous nos yeux ébahis. Le nœud agrafe ou un montage émerillon rolling avec anneaux brisés sont exempts d’ouverture ou de casse malencontreuse.

Une grande épuisette est vraiment nécessaire pour assurer la capture de gros brochets.
Crédit photo : Aurélien Lagarrosse

Une fois tous ces paramètres bien maîtrisés, avec la chance d’être là au bon moment, l’exaltation de mettre un de ses géants dans l’épuisette reste un instant magique. Et pour le vivre jusqu’au bout il faut que le poisson reparte dans les meilleures conditions possibles. La manipulation des poissons doit se faire au maximum dans une grande épuisette. Pour la séance photo, la prise du poisson assis ou accroupi minimisera les lésions en cas de chute. Les prises en verticale sont à proscrire, le mieux étant de les soulager de leur poids avec une main au niveau de la nageoire anale et l’autre sous la tête. Relâcher un géant et le voir repartir dans une ultime ondulation vers ses profondeurs nous laisse l’impression d’un rêve éveillé qui risque de nous hanter encore longtemps.

Le brochet d’exception capturé par Charly lors du séjour organisé par l’option pêche du lycée de Rochefeuille (Mayenne) au Club Esox. C’est un Super Shadow rap (Rapala) qui a déclenché ce géant. Mathys, Mervyn et Alexis ont eu le privilège d’assister à cette scène et de partager entre copains ce moment inoubliable. Cris de joies dans le bateau… Bravo les jeunes !
Crédit photo : Aurélien Lagarrosse

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