Lorsque nos carnassiers sont enclins à prendre nos leurres, un simple lancer−ramener en power fishing peut suffire à les satisfaire. En revanche, lorsqu’ils font la moue, il faut user d’ingéniosité pour enregistrer quelques attaques, et c’est là que le mot « irrégularité » prend tout son sens. Avec l’aide du moulinet ou à la canne, le pêcheur appliquera des animations diverses à ses leurres pour déclencher des attaques instinctives et ainsi optimiser ses sessions. Ces animations seront d’autant plus efficaces si on insiste un peu sur les zones les plus propices. Celui ou celle qui pratique du bord en wading prospecte en éventail serré et s’avance lentement dans l’eau, pour atteindre, finalement, la zone la plus éloignée. Le fait de serrer ses lancers augmente les occasions de passer devant le museau d’un brochet en maraude. L’idéal est de les espacer d’un mètre environ. Quant au pêcheur en bateau, il accentuera ses chances de captures en s’ancrant solidement sur les postes prometteurs. Des prospections en éventail avec plusieurs types de leurres sont à privilégier ici et permettent de trouver le pattern du moment.
Animations au moulinet
Il y a des jours où, en pratiquant un simple crancking, nous avons des suivis jusqu’à nos pieds, mais les brochets ne prennent pas les leurres. Nous pêchons alors des zones où les brochets sont actifs, mais nous devons quand même nous poser quelques questions : Ai-je le bon type de leurre, le bon coloris, la bonne vibration et… la bonne animation? Dans la catégorie d’animations au moulinet, la technique « stop and go » peut faire la différence et se pratique idéalement avec un leurre suspending (densité se rapprochant de celle de l’eau), ou slow sinking. Elle consiste à stopper son leurre pendant une certaine durée et à redémarrer brusquement la récupération. Le stop permet au brochet de cibler son attaque et le redémarrage simulant la fuite de la proie blessée la déclenche souvent. En dévoilant leurs flancs aguicheurs à chaque accélération, certains jerk minnows s’y prêtent parfaitement. Les silhouettes réalistes des hard swimbaits ou autres soft swimbaits peuvent également tromper la vigilance de Maître Esox. Certaines formes et certains modèles de cuillers ondulantes acceptent bien cette animation. En revanche, je préconiserai ces leurres pour des pêches creuses, sur des zones peu encombrées et relativement profondes. Leur densité souvent importante permet d’atteindre rapidement la couche d’eau où se nourrissent les prédateurs. Une fois dans l’eau, une cuiller qui descend « en feuille morte » est attractive avant même de commencer à être animée. Il est alors primordial de garder la ligne tendue sous peine de rater des touches…
Les pêches à gratter
Pour les pêches « à gratter » au leurre souple, tout près du fond, petit « stop and go » et crancking forment un duo gagnant face à de nombreux carnassiers. L’idée étant de rester bannière tendue et de garder en permanence le contact avec le fond pour ferrer au moindre blocage. Côté matériel, une canne offrant une belle résonance permettra d’optimiser la session. Ici, l’idéal est d’utiliser une seule tête plombée avec un hameçon positionné vers le haut. En cas de touche, ce dernier sera en contact direct avec la gueule du prédateur qui descendra pour prendre le leurre. De ce fait, le nombre de ratés aux ferrages ou de décrochés en cours de combat est restreint. En milieux encombrés, un montage texan est préconisé pour réduire les accrocs.
Le bottom taping
Cette animation est principalement utilisée avec des crankbaits ou autres longbill minnows flottants à grandes bavettes. Elle est adaptée aux milieux encombrés d’éléments solides et rigides (les herbiers sont à éviter) et consiste à chercher le contact de la bavette avec ces obstacles, la longueur prononcée de cette dernière permet d’éviter les accrocs. Le pêcheur devra stopper la récupération quelques secondes, le leurre remonte alors de quelques centimètres et il faut recommencer à mouliner en faisant descendre le poisson-nageur derrière l’obstacle. C’est souvent à ce moment précis que la touche se fait sentir, le poisson étant généralement situé derrière l’obstacle. Au moment où notre leurre remonte dans la couche d’eau, il s’offre à la vue du carnassier, nous pouvons donc également prendre des poissons à ce moment précis, d’où l’importance de garder la bannière un minimum tendue…
Le falling
Ici, l’idée est de laisser tomber librement un leurre le long d’un obstacle vertical tout en gardant une certaine tension dans la ligne. Celui-ci doit pouvoir émettre des vibrations au cours de la descente pour attirer les carnassiers et le pêcheur doit pouvoir ferrer au moindre arrêt. Le spinnerbait est de loin le leurre qui s’y prête le mieux, et j’associe souvent le falling à une pêche à vue en linéaire au-dessus des obstacles en laissant descendre mon leurre derrière chacun d’eux. L’ajout d’un trailer de type « shad » ou « grub » pourra réellement apporter un avantage à certains moments de la saison, notamment en hiver ou lorsque les poissons sont peu actifs et ont besoin d’un peu plus de temps pour se saisir d’une proie. L’artifice supplémentaire aura ici un effet parachute qui, en plus des palettes, ralentira la descente du spinnerbait, laissant le temps au prédateur de le voir et de s’en saisir. Il augmentera aussi la taille du leurre et ajoutera une fréquence vibratoire supplémentaire.
Animations à la canne
Quand on en parle, la première chose qui nous vient à l’esprit est le « twitching » ou le « jerking ». Ils consistent à animer un leurre de manière erratique pour qu’il se décale de son axe de nage. Il est évident que les jerkbaits et autres jerk minnows se prêtent parfaitement à ce type d’animations, mais couplés à une récupération linéaire, le jerking peut s’appliquer à certains leurres durs comme les swimbaits, notamment les modèles formés de deux sections (glidebaits). Ainsi, récupérer ses swimbaits de manière linéaire tout en y ajoutant quelques jerks et pauses permet souvent aux prédateurs de cibler leurs attaques. Ne négligeons pas l’importance des pauses, ces dernières peuvent simuler une faiblesse de la proie potentielle. Elles envoient alors un signal d’attaque fort au carnassier suiveur, d’autant plus que certains jerkbaits coulants (sinking) vacillent sur leurs flancs en descendant dans la couche d’eau, un atout redoutable…
La traction
Il y a des jours où les brochets ne réagissent qu’aux tractions. Cette succession de coups de canne verticaux de grande amplitude et de relâchés maîtrisés attire l’œil de nos partenaires, notamment lorsque ceux-ci sont apathiques. Il m’arrive parfois de joindre quelques tractions à un simple lancer−ramener en prenant régulièrement contact avec le fond. À ce moment précis, il ne faut pas s’arrêter trop longtemps sous peine de rester accroché. Les tois quarts des touches ont lieu à la redescente du leurre dans la couche d’eau, voire en fin de traction au moment où il s’apprête à basculer. Veillez alors à bien maîtriser la seconde phase de l’animation… Même si les leurres souples de types virgules, shads et autres shads à palette se taillent la part du lion ici, les leurres métalliques denses, comme les lames vibrantes et les cuillers ondulantes, s’animent aussi très bien en traction. Le principal critère changeant sera dans ce cas la fréquence des vibrations émises, il faudra alors trouver le pattern du jour pour optimiser sa session et réduire le facteur chance au minimum.